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La critique de Stéphane Gobbo: musique, Archive, ou la belle envolée d’une larve trip-hop devenue papillon psychédélique

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Jeudi, 26 Juin, 2014 - 05:57

C’est un groupe singulier qui s’apprête à présenter à Montreux et Lucerne son nouveau projet, Axiom, un concert-projection au cours duquel un film d’une quarantaine de minutes accompagne sept nouveaux morceaux. Archive fait en effet partie des rares formations british dont l’aura est plus grande sur le continent européen qu’au Royaume-Uni. Toujours prompts à porter aux nues d’éphémères sensations, les médias anglais ne prêtent depuis le milieu des années 90 qu’une vague attention polie à ce groupe à géométrie variable qui a beaucoup évolué depuis ses débuts, et que l’on croise régulièrement sur les scènes helvétiques puisqu’il s’est constitué par ici une très solide base de fans. Après une première à Londres, quand même, le projet Axiom n’est d’ailleurs présenté, cet été, qu’en Suisse.

Formé en 1993, Archive démarre sa carrière discographique trois ans plus tard avec Londinium, un album de trip-hop planant qui s’engouffre dans la brèche ouverte par Massive Attack et Portishead. Rien de fracassant, à l’instar de Take My Head, qui voit en 1999 la chanteuse Suzanne Wooder remplacer Roya Arab. On ne donne alors pas cher de la peau d’Archive. C’était mal connaître Danny Griffiths et Darius Keeler, fondateurs et cerveaux du groupe, qui ont à ce jour collaboré avec une quinzaine de musiciens au gré des albums. A l’aube du nouveau millénaire, le duo recrute Craig Walker. Habituée aux voix féminines, forcément chaudes, leur musique trouve un souffle nouveau et se complexifie. Fini le trip-hop décoratif, place à un psychédélisme renvoyant aux grandes heures de Pink Floyd. Et Archive fut. Walker quittera malheureusement le navire après deux enregistrements seulement, obligeant Griffiths et Keeler à trouver une nouvelle parade, qui prendra la forme d’une succession d’invités.

Les compositions des Londoniens ont souvent été qualifiées de cinématographiques. Conscients qu’elles contiennent des orchestrations propres aux musiques de films, Griffiths et Keeler ont choisi de prendre cet axiome au pied de la lettre. Onze ans après avoir signé la b.o. de Michel Vaillant, les voici qui proposent donc un film inspiré de leur musique, et réalisé par le collectif espagnol NYSU. A leurs arrangements anxiogènes répondent des images «lynchiennes», on pouvait s’en douter, évoquant le 1984 d’Orwell. Le morceau qui donne son nom au projet est un instrumental épique de dix minutes rappelant que la frontière entre rock progressif et pop psychédélique est étroite. On a hâte de le découvrir en live.

stephane.gobbo@hebdo.ch

«Axiom». D’Archive. Pias/Musikvertrieb. En concert le 13 juillet au Montreux Jazz Festival et le 20 au Blue Balls Festival de Lucerne.

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