Impossible d’allumer un écran sans voir s’afficher des drapeaux colorés et des résultats de matchs. Les télévisions comme les ordinateurs crachent à longueur de journée des infos plus ou moins pertinentes sur la Coupe du monde. Beaucoup de footballophobes ont dès lors renoncé à dégainer leur télécommande. Erreur! Il suffit d’ouvrir un programme pour aisément trouver le chemin d’oasis télévisuelles où le ballon rond n’est qu’un lointain mirage.
On salue souvent la longévité record de Thalassa, fabuleuse émission qui depuis septembre 1975 fait voyager les téléspectateurs à travers les mers, mais on oublie que France 3 abrite tous les dimanches, depuis mars 1976, le Cinéma de minuit, qui abreuve depuis près de quarante ans les cinéphiles de classiques et de raretés. Avant d’enfin voir débarquer dans le salon familial un enregistreur VHS, je me souviens de m’être souvent réveillé en douce pour me plonger les yeux écarquillés dans des cycles consacrés au néoréalisme italien, aux adaptations de classiques littéraires ou aux films noirs. Grâce à Patrick Brion, historien du cinéma aux connaissances encyclopédiques présentant de sa voix suave chaque titre, j’ai découvert Tod Browning, Samuel Fuller, Victor Sjöström ou encore Mauro Bolognini. La semaine dernière, au moment où le Portugal tentait de percer la défense américaine, le Cinéma de minuit projetait La lune était bleue, réalisé en 1953 par Otto Preminger. Le 29 juin, on pourra découvrir l’adaptation d’un roman de James Hadley Chase, Tirez la chevillette, devenu pour Julien Duvivier Chair de poule (1963). Un film que je ne connais pas. Merci Patrick Brion, gloire au Cinéma de minuit!