On parle beaucoup de la scène musicale féminine d’outre-Sarine. Parce que Sophie Hunger, parce que Anna Aaron. Deux artistes aujourd’hui reconnues au-delà des frontières, et qui ont dans leur sillage attiré l’attention sur une génération montante de musiciennes talentueuses, telles Heidi Happy, Evelinn Trouble ou Lea Lu. Mais il ne faudrait pas oublier les Romandes. Les Fribourgeoises Kassette, Laure Perret et Pony del Sol, tout comme la Lausannoise Eléonore et la Neuchâteloise Olivia Pedroli, ont ces dernières années prouvé qu’il se passait aussi quelque chose chez les Welches. Ce que confirme la sortie du premier album de la multi-instrumentiste valaisanne Aurélie Emery, qui nous emmène très loin avec un Kiss Surya magnifiquement sinueux, à l’aura quasi mystique, qui s’écoute comme un voyage à travers les genres et les continents. Fille d’une organiste directrice de chœur, la trentenaire a longuement mûri ce disque au gré de ses voyages, en Israël, en Inde puis à Bruxelles, où elle a étudié le jazz. En résulte un enregistrement à la limite de l’expérimental où sa voix se fait instrument parmi les instruments, où des sonorités indiennes dialoguent avec de sourdes pulsations et une guitare sensuelle, où des mélodies d’apparence pop se complexifient au gré d’arrangements d’une sidérante profondeur. Réalisé avec l’aide du sorcier Christophe Calpini (Stade, Dog Almond, Mobile in Motion), Kiss Surya évoque irrémédiablement la démarche d’une Björk. Une fois que l’on s’est laissé happer par son univers organique et envoûtant, difficile d’en ressortir.
Aurélie Emery, «Kiss Surya». Irascible.
En concert le 11 juillet à Sion (Festival Arcades) et le 2 août à Martigny (Palp Festival).