Fabrizio Collini assassine sauvagement Hans Meyer, un vieil industriel. Il donne tellement de coups de pied sur le visage de sa victime qu’il finit par casser le talon de sa chaussure. Et s’en va, clopinant, s’asseoir jusqu’à l’arrivée de la police. Depuis ce jour, l’assassin est mutique. Ce sera au jeune avocat Caspar Leinen de découvrir son mobile, remontant au passé nazi de l’Allemagne. Dans un genre qui pratique souvent la forme longue, voici un récit bref, à la fois sec et suspendu. Ferdinand von Schirach, avocat de la défense au barreau de Berlin, sait à merveille décrire la machine judiciaire. C’est surtout un écrivain qui s’attache à l’essentiel, c’est-à-dire aux détails: la taille des mains de l’assassin, le poids du cœur de la victime («340 grammes»), le pollen rouge des marronniers déposé sur un trottoir. La brutalité concrète du réel et de la mort s’oppose à des vies fantomatiques. L’affaire Collini a eu beaucoup d’impact en Allemagne, et déclenché la création d’une commission d’enquête «pour évaluer l’empreinte laissée par le passé nazi» sur le Ministère de la justice.
«L’affaire Collini». De Ferdinand von Schirach. Gallimard, 149 p.