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La critique de Stéphane Gobbo: cinéma, Isao Takahata, l’autre enchanteur de ghibli

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Jeudi, 26 Juin, 2014 - 05:52

Lorsqu’ils fondent, en 1985, les studios Ghibli, Hayao Miyazaki et Isao Takahata décident de réaliser chacun un long métrage et d’en faire un double programme. C’est ainsi que les Japonais découvrent, en 1988, Mon voisin Totoro et Le tombeau des lucioles. Le choc est total. Alors que le premier invente une attachante créature mi-chat, mi-ours, le second suit deux orphelins dans la tourmente de la Seconde Guerre mondiale. L’histoire est en marche: Miyazaki devient l’animateur le plus acclamé à travers le monde, tandis que Takahata reste dans son ombre. Peut-être parce que ses films (Omoide Poroporo, Pompoko, Mes voisins les Yamada) sont moins ouvertement destinés au jeune public, à l’image du dixième, Le conte de la princesse Kaguya. Peut-être aussi parce que son style est moins facilement reconnaissable, pouvant radicalement changer d’une œuvre à l’autre. L’explication est simple: alors que Miyazaki est dessinateur, son aîné est, quant à lui, réalisateur. Il met en scène et supervise toutes les étapes de la fabrication du film, mais ne dessine pas. Le tombeau des lucioles, au graphisme très réaliste, est par exemple très différent de Nos voisins les Yamada, avec ses couleurs pastel et ses dessins évoquant la technique de l’estampe. Le conte de la princesse Kaguya est dans la même veine. Adapté d’un texte fondateur de la littérature japonaise, écrit vers 900 par Murasaki Shikibu, il raconte l’histoire d’un paysan trouvant une princesse miniature dans un bambou. Il la ramène chez lui, elle se transforme alors en bébé puis commence à grandir de manière accélérée. Le paysan et sa femme décident de l’élever, d’autant plus que ce cadeau du ciel, accompagné d’or et de précieuses étoffes, leur offre un moyen d’échapper à leur condition. La puissance métaphorique de ce conte est sans limites, malgré une lecture possible au premier degré sur les rapports parents-enfants, tandis que son esthétisme est d’une indicible beauté. Chaque séquence est un pur enchantement. A 78 ans, Takahata livre son chef-d’œuvre.

stephane.gobbo@hebdo.ch  @StephGobbo

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Frenetic Films
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