Après une semaine de coupe du monde de football, premier bilan et un constat. Sans télévision, pas de Coupe du monde. On l’oublie: c’est la Coupe du monde de la télévision. C’est la grande victoire du petit écran que l’on croyait mort et remort. On pourrait bien faire jouer des matchs dans tous les coins du Brésil mais ils ne seraient que 10 000 à les voir en direct et non 10 ou 100 millions dans le monde entier, en même temps. Sans télévision, il n’y aurait pas les droits télé indécents et des footballeurs payés mieux que des présidents. Pas les vendeurs de télévision qui tous les quatre ans veulent vous vendre une HD plus belle, plus grande et forcément mieux. Il n’y aurait pas le plaisir régressif de téter une bière avec un plateau-repas devant l’écran quand l’équipe de Suisse s’agite, pas les vignettes Panini que les papas trentenaires collectionnent avec leur fils parce que ça leur permet de penser que l’éternité existe. Il n’y aurait pas le dopage qui fait s’écrouler les footballeurs après 35 ans. Pas Cristiano Ronaldo. Pas les voisins qui pour une fois ne disent rien quand on fait la foire dans le salon au milieu de la nuit. Pas les citadins qui font ce truc idiot mais émouvant de converger vers le centre-ville après les matchs pour partager leur joie avec d’autres humains. Sans la télévision, il n’y aurait pas des morts par centaines parce que l’on construit des stades inutiles au milieu du désert. Pas de Brésil pour une fois et pour trente jours au centre du monde. Sans télévision, pas ces choses bonnes, ni ces choses mauvaises, dans le désordre. Pas ce grandiose bordel humain qui fait que plus que n’importe quelle émission, plus que n’importe quelle série, la Coupe du monde de foot, via la télévision, est un événement.
Jeudi, 19 Juin, 2014 - 05:56
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