World Press. 98 671 images de presse en provenance de 5754 photographes de 132 pays: le jury du 57e concours World Press Photo, basé à Amsterdam, n’a pas ménagé sa peine pour isoler le meilleur de la production mondiale du photojournalisme. De l’aveu du président du jury, Gary Knight, le résultat d’ensemble est un des meilleurs de l’histoire du concours. Malgré les difficultés qui frappent l’industrie de la presse, en particulier la photo d’actualité.
Les images lauréates des neuf catégories sont présentées au deuxième étage du Folium du centre commercial Sihl City, à Zurich. A commencer par le cliché poignant de l’Américain John Stanmeyer, gagnant du titre Photo de l’année 2013: dans la nuit de Djibouti, au bord de la mer, des migrants lèvent leurs téléphones portables comme des sémaphores, dans l’espoir de capter un réseau somalien bon marché et de donner des nouvelles à leurs proches. Le type même d’une image emblématique d’un état du monde à une époque donnée, respectueuse de la dignité des personnes, à la composition parfaite. Une photo qui en dit également long sur le commanditaire de John Stanmyer pour ce reportage: le magazine National Geographic, célèbre pour sa politique iconographique de haute qualité, peu perturbante, représentative du point de vue américain sur la planète.
Si les autres photos gagnantes sont aussi en phase avec les codes habituels de la profession, certaines font état de la nouvelle donne de l’information visuelle. Comme la mention spéciale du jury décernée à l’Australien Tim Holmes, lequel a documenté un gigantesque incendie de l’intérieur, montrant sa femme et ses cinq petits-enfants réfugiés sur une jetée de la mer de Tasman. La série de photos est à l’intersection de la documentation de sa propre vie et du photojournalisme qui, notamment, relate les calamités qui frappent les autres.
Folium, Sihl City, Zurich, jusqu’au 1er juin. www.keystone.ch
