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La critique de Stéphane Gobbo: Damon le merveilleux

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Jeudi, 1 Mai, 2014 - 05:54

Ballade pop doucement psychédélique, She’s So High imposait en 1990 un groupe londonien qui deviendra l’un des plus importants de la décennie: Blur. Et la britpop fut. Composé par un petit blondinet de 22 ans, ce single fondateur sera suivi par There’s No Other Way, deuxième 45 tours et premier tube imparable. Près d’un quart de siècle après cette tonitruante entrée en musique, alors qu’il publie à 46 ans son premier véritable album solo, Everyday Robots, Damon Albarn fait partie de l’histoire de la musique british au même titre que Pete Townshend, Ray Davies, Nick Drake ou John Lennon.

Parce qu’il y a eu Blur, ce groupe dont on pensait qu’il allait faire long feu avant qu’il ne s’ouvre vers la fin des années 90 à d’autres horizons, notamment aux musiques noires, mais aussi parce qu’il y a eu le projet virtuel Gorillaz, le supergroupe The Good, the Bad and the Queen, l’escapade Mali Music et même deux opéras, Monkey, Journey to the West et Dr. Dee. Songwriter protéiforme capable de se réapproprier en quelques accords les codes de la pop, de l’afrobeat, de la soul, de l’électro ou encore du hip-hop, Albarn est l’un des plus grands musiciens que le Royaume-Unis ait connus, on le répète. Mais il n’avait donc jamais osé signer un disque de son seul nom, laissant ses compositions et ses nombreux hits parler pour lui.

«J’ai peut-être enfin appris à composer des chansons taillées pour ma voix», expliquait récemment Albarn. En effet, il n’a jamais chanté aussi bien. Lui qui, sur scène, a souvent caché une certaine approximation derrière des arrangements pétaradants, dans les premières années de Blur du moins, s’offre sur Everyday Robots douze titres mid-tempo lui permettant de transcender ce vibrato folk semblant à deux doigts de dérailler dès qu’il le pousse trop dans les aigus.

Profondément mélancolique, greffant sur une base acoustique que l’on devine composée au piano un large spectre d’influences, Everyday Robots est un très grand disque, à la fois totalement hors du temps et incarnant à merveille ce qu’est Albarn aujourd’hui. A savoir un artiste total et totalement habité par son art, une sorte de professeur Tournesol de la pop, un sorcier obsédé par sa quête mélodique, empilant les couches puis enlevant le superflu pour ne garder qu’une guitare fantomatique ou un piano mutin, un chœur gospel ou quelques beats africanisants. Si on osait un lieu commun, on dirait que le musicien se met à nu. Et Dieu qu’il est beau!

stephane.gobbo@hebdo.ch
Twitter: @StephGobbo

«Everyday Robots». Parlophone/Warner Music. En concert le 17 juillet au Montreux Jazz Festival.

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