Une expositions archéologique à la Villa romaine de Pullyexhume la collection de René Dussaud. Léguée à Lausanne en 1958, elle n’avait jamais été montrée.
Archéologie Cela faisait cinquante-six ans que ces trésors dormaient dans les réserves. Ils n’avaient pour la plupart jamais été dévoilés au public. Pour les admirer, il a fallu attendre que le jeune archéologue et philologue lausannois Patrick Michel dépoussière la collection que René Dussaud (1868-1958) avait léguée en 1958 au Musée des arts décoratifs de Lausanne. Conservateur en chef du Musée du Louvre, Dussaud avait épousé en secondes noces la Suissesse Marie Bergier, originaire du Mont-sur-Lausanne. Voici donc 140 pièces, sur les 180 que cet orientaliste passionné avait recueillies entre la fin du XIXe siècle et 1925. L’exposition didactique parvient à mettre en scène cet ensemble intéressant mais hétéroclite. Parmi les objets marquants, il y a ces six têtes phéniciennes sculptées entre le VIe et le Ve siècle av. J.-C., dont les yeux vides semblent nous interroger. Et surtout cette intrigante poupée d’ivoire de 3000 ans, venue de Mésopotamie. Jouet d’enfant ou statue de la fertilité? Ses bras articulés et son pubis stylisé n’ont pas livré leur secret. On ne connaît qu’une seule statue similaire, conservée au British Museum. Des objets issus d’autres collections complètent l’exposition, notamment deux briques de la tour de Babel, don du conservateur vaudois Arnold Morel-Fatio. Elles n’auraient jamais été exposées. Y figure une dédicace en acadien au roi de Babylone Nabuchodonosor II. Ces objets distillent leur magie: celle de remonter le temps, au moment où la culture babylonienne infusait dans les textes de la Genèse. Autant de fragments qui permettent de reconstituer l’histoire du Proche-Orient et, par là, la nôtre.
«Fragments du Proche-Orient».
Villa romaine de Pully. Jusqu’au 28 septembre.
www.villaromainedepully.ch