Gérard Lüthi a surpris sur les grands lieux du tourisme des voyageurs saisis d’une irrépressible frénésie photographique. Du clic-clac au TOC.
Photographie La Fondation Auer Ory à Hermance témoigne de 175 ans de l’histoire de la photographie. Donc d’un temps où la prise d’une image était rare, chère, compliquée. Un exemple. Le père de Gérard Lüthi, issu d’une famille de treize enfants, avait appris à être économe lorsqu’il impressionnait sa pellicule et effectuait ses agrandissements. La photo, c’était pour les mariages et les naissances. Gérard Lüthi a aujourd’hui 56 ans. Membre du collectif Focale, il n’est pas un photographe professionnel. Il est enseignant dans le Jura bernois, mais mène depuis longtemps une double vie marquée par de nombreuses expositions, des livres et l’acquisition de ses images par les musées de l’Elysée et de Winterthour, la Bibliothèque nationale à Paris ou la collection Polaroid aux Etats-Unis.
A la Fondation Auer Ory, Gérard Lüthi présente un travail récent qui suggère combien la technologie numérique a bouleversé les habitudes de la prise de vue chez les amateurs. Cette nouvelle économie, au sens de l’organisation d’un système, s’incarne sur les lieux touristiques, soumis au mitraillage et à l’autoportrait compulsif. En Europe, en Amérique du Nord et du Sud, dans le Sud-Est asiatique, Gérard Lüthi a photographié les photographes d’un jour et d’un voyage, observateurs pressés de ce qui se présente sur leurs écrans de contrôle plutôt que du spectacle qui s’offre à leurs yeux. On ne voit plus, mais on «Clic, klick, click, clique», pour reprendre le titre de l’exposition. Par jeu, par petit geste artistique, par narcissisme, par envie d’exister sur les réseaux sociaux et parce que tout le monde fait ainsi.
Hermance (GE), Fondation Auer Ory. Ouverture sur demande au 022 7512783. www.auerphoto.com
