Les Rencontres d’Arles, le plus ancien festival de photographie, consacre son édition 2013 à l’image en noir et blanc. A quelques exceptions près, les expositions sont historiques. La photographie coïncide ici avec sa fonction traditionnelle: l’enregistrement d’un instant passé. D’un moment magnifié par les dégradés de gris des poètes de l’image.
Les organisateurs du festival aimeraient nous faire croire que le noir et blanc est un langage expressif toujours d’actualité. Peut-être. Mais lorsqu’on se mêle aux spectateurs du feu d’artifice du 14 juillet 2013 dans la même ville d’Arles, le doute est permis. Les personnes massées au bord du Rhône, où se déroule le spectacle pyrotechnique, prennent quantité d’images. Aucune ou presque n’a d’appareil photo. Aucune ou presque ne prend de photo. Elles saisissent les gerbes de feu avec leurs téléphones portables réglés sur le mode vidéo, toutes couleurs pétantes. Le noir et blanc, sur ces appareils-là, n’est qu’un effet artistique parmi d’autres, d’ailleurs peu utilisé.
L’image numérique, en 2013, est loin, très loin de ce qui est présenté dans le festival arlésien. Elle est en couleur, rapide, partagée, animée, légère, vite effacée. Les courtes séquences vidéo sont aussi populaires que la bonne vieille photographie. Celle-ci est toujours plus un outil de communication, toujours moins un moyen de mémo-riser le passé. Vu sur ces écrans-là, l’hommage au noir et blanc des Rencontres d’Arles apparaît avec clarté: un événement nostalgique.
