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Une tour pour la photographie

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Jeudi, 23 Janvier, 2014 - 05:57

Les sept étages de la Haus zur Bastei à Zurichs’ouvrent à la photo contemporaine jusqu’en août prochain.

 

Comment appeler un tel espace? Musée pop-up? Galerie off-space? Art walk, comme ce quartier de Seattle régulièrement occupé par des artistes? Le recours à l’anglais pour nommer ce type d’expérience artistique est révélateur de son statut récent. Jusqu’au 31 août, la tour Haus zur Bastei dans le centre de Zurich accueille sur sept étages de la photographie contemporaine. Des expositions monographiques sont présentées sur les deux premiers niveaux, comme actuellement la rétrospective Paolo Pellegrin de l’agence Magnum. Les cinq étages supérieurs sont réservés à tous les photographes professionnels qui veulent, contre une location au coût modeste, y exposer leurs travaux. Photobastei, tel est le nom du projet, propose une surface totale de 1500 m2 et 600 m2 linéaires.

Derrière cette idée inédite, une figure connue de la photo à Zurich. Romano Zerbini organise depuis seize ans l’un des meilleurs concours de Suisse: le Swiss Photo Award – ewz.selection. Responsable d’une agence de communication spécialisée dans la culture, Romano Zerbini gère également sa propre galerie contemporaine, Photogarage. En raison d’un futur projet immobilier, Photogarage pourrait être contraint de quitter ses murs. A la recherche d’un nouveau lieu, le curateur est tombé sur la Haus zur Bastei, construite en 1955 par l’architecte Werner Stücheli. Elle était alors avec ses sept étages la première tour de Zurich. Longtemps propriété de l’UBS, le bâtiment a été racheté par des promoteurs qui y installeront des bureaux de haut standing (un magnifique pléonasme dans le Kreis 1).

Dans l’attente du début des travaux, Romano Zerbini a proposé aux nouveaux propriétaires d’occuper les lieux avec une grande galerie provisoire. Banco.
«Le constat de départ est simple, note Romano Zerbini. L’arrivée de la technologie numérique a eu pour effet de décupler le nombre de bons photographes. Mais le nombre de musées ou galeries consacrés à la photo en Suisse est resté le même. Beaucoup de professionnels travaillent sur des projets personnels qu’ils ne peuvent pas montrer. Pas seulement en raison du manque d’espace. Certains d’entre eux veulent échapper à la pression commerciale des galeries, qui orientent souvent le choix des images vers celles qui sont les plus «vendeuses». Photobastei leur propose non seulement des prix de location raisonnables, mais aussi l’occasion de confronter leurs travaux au public ou d’organiser des événements. Ils peuvent être leurs propres galeristes.»

Le prix de location couvre juste les frais de l’espace éphémère. Il s’élève à 5 francs par jour sur des surfaces de 4 à 84 mètres linéaires, grâce à des panneaux blancs
de 2,5 mètres de hauteur. Une exposition de onze jours – la durée de location minimum – sur 10 mètres linéaires (ou 25 m2) revient ainsi à 550 francs.

Les accrochages actuels le montrent aisément: la première exigence de Photobastei est la qualité. Chaque travail est soumis à un jury d’experts, à commencer par Romano Zerbini lui-même, qui donne ou non son feu vert à une exposition. La rétrospective de l’Italien Paolo Pellegrin, avec ses images hantées des convulsions de l’histoire contemporaine, donne le ton. Les natures mortes alpestres de Sylvan Müller, les grands formats des lieux de pouvoir de Luca Zanier, les portraits d’animaux et d’humains pris par Livio Piatti, les monochromes d’Andrea Jaeger ou les selfies hypertrash de Hester Scheurwater participent de cette volonté qualitative. Dans un coin de la tour, Heino Heimann a installé sa monumentale camera oscura (6 m x 2,5 m x 2,5 m) pour tirer le portrait des visiteurs.

 

Nomadisme? Les expositions se renouvelleront de semaine en semaine avec des vernissages fixés le jeudi. Les espaces de la tour sont ouverts aux photographes, mais aussi aux musées, agences, fondations ou hautes écoles. Un bar-restaurant a été installé au rez-de-chaussée. Des lectures de portfolios, entretiens avec des artistes et soirées festives comptent également parmi les propositions de l’expérience Photobastei. Une fois celle-ci close, l’été prochain, Romano Zerbini aimerait la renouveler dans d’autres villes suisses. Et si l’un des futurs de ce type de lieu culturel était le nomadisme?

www.photobastei.ch

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Luc Debraine
Luc Debraine
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