Le festival Black Movieprojette «Mille soleils», un film conversant, à quarante ans de distance, avec «Touki Bouki», chef-d’œuvre du cinéma africain.
Genève Touki Bouki est l’un des films les plus importants de l’histoire du cinéma d’Afrique noire. Un long métrage fascinant, troublant, qui impressionne tant par ce qu’il dit que par la façon dont il le dit. Réalisé en 1973 par le Sénégalais Djibril Diop Mambéty, il est une sorte de croisement halluciné entre A bout de souffle de Godard et Moi, un Noir de Jean Rouch, qui flirte avec le surréalisme pour raconter le rêve d’exil parisien de deux jeunes, Anta et Mory, une étudiante vivant à Dakar et un berger venu en ville vendre son troupeau. D’une modernité ahurissante dans sa façon d’envisager la narration et le montage comme un matériau malléable à l’envi, Touki Bouki est de ces films qui ont marqué leur temps. Quatre ans après avoir été projeté par le Festival international de films de Fribourg après sa restauration par la World Cinema Foundation de Martin Scorsese, il est à l’affiche de la manifestation genevoise Black Movie, qui célèbre son quinzième anniversaire avec un programme riche de 125 titres.
Quarante ans après, que sont devenus les héros de Touki Bouki? Black Movie répond à cette question en projetant en première suisse le moyen métrage Mille soleils, réalisé par Mati Diop, soit la nièce de Diop Mambéty. On y découvre, dans son propre rôle, l’acteur qui incarnait Mory. Bien décidé à assister à une séance en plein air du film qui l’a rendu célèbre, le voici qui traverse Dakar en même temps que ses souvenirs. Entre documentaire et onirisme, Mille soleils enchante par la grâce avec laquelle il rend hommage à un grand classique tout en s’interrogeant sur le thème de l’exil qui en constituait le cœur.
Black Movie, à Genève, du 17 au 26 janvier.
Détails et horaires sur www.blackmovie.ch