L’opéra féerique d’Offenbach et de son inspirateur Jules Verne projette le spectateur dans l’espace et un arc-en-ciel de couleurs explosives.
lyrique Offenbach s’est ruiné pour réaliser, sur la scène de son théâtre parisien, le volumineux canon apte à envoyer ses chanteurs sur la lune. Dans la production fribourgeoise de son Voyage dans la lune, la machinerie est clin d’œil, elle se la joue imaginaire et cocasse. Quelques accessoires hétéroclites suffiront à transformer les Terriens patauds en cosmonautes ahuris. Les contrastes entre les costumes, perruques et éclairages font le reste: d’un côté la vie en noir et blanc, dans l’austérité de la fin du XIXe siècle et la foi en l’industrialisation, de l’autre la vie en couleurs criardes, froides, artificielles et calibrées.
Le monde de la lune est l’utopie d’une époque: la modernité, le progrès technologique, l’efficacité et l’organisation robotisée concrétisés par un Salon d’arts ménagers des années 50 aux dimensions arrogantes et ludiques, dont l’amour et les sentiments sont bannis par mesure de santé publique.
Le metteur en scène Olivier Desbordes, qui signe par ailleurs l’adaptation des textes parlés, tire parfaitement les ficelles de son projet scénique, manie avec aplomb les allusions à l’actualité culturelle, télévisuelle et politique, toujours avec humour, drôlerie et distance. Les chanteurs excellent dans leurs rôles et prennent plaisir à donner du relief et du sens à leurs airs, envolées et vocalises. L’équilibre des voix et des instruments de l’Orchestre de chambre de Fribourg, dirigé par Laurent Gendre, contribue au charme et à la réussite de cette production où défilent et se télescopent, finement, les utopies et fictions des temps modernes.
Fribourg, L’Equilibre. Ve 10 à 19 h 30 et di 12 à 17 h.
Lausanne, Opéra. Ve 17 à 20 h et di 19 à 17 h.
La Tour-de-Trême, Salle CO2. Di 26 à 17 h.