Convoquant les fantômes blue-eyed soul, Robin McKelle signe un retour excitant.
La blue-eyed soul, pas besoin d’avoir les yeux bleus, sisters and brothers: c’est juste de la soul bien cuivrée, mais chantée par des visages pâles. Adele ou Joss Stone en sont les pendants actuels version mainstream, Amy Winehouse ou l’oubliée Teena Marie venaient elles aussi de là. Cocker, Simply Red ou même Tom Jones en demeurent de mâles figures fameuses.
Mais la blue-eyed eut une reine qui posa le genre à la fin des sixties: la British Dusty Springfield, choucroute blondie et affolante voix prébaise, mit de la moiteur sur le monde des petits Blancs en des titres aussi éternels que Spooky ou Son of a Preacher Man, tube qu’une BO de Tarantino remit en lumière il y a quelques années.
Le plus grand album de Miss Springfield, en 1968, s’appelait Dusty in Memphis, et l’on ne peut s’empêcher d’y songer avec ce Heart of Memphis, signé Robin McKelle. La dame, née en 1976 à côté de New York, timbre alto chic, fit ses débuts comme estimable chanteuse de jazz, croisant Hancock ou Wayne Shorter, rien de moins.
Mais la rouquine a plutôt ses références côté Nina Simone, sa majesté Etta James, et Dusty, of course. D’où un formidable virage soul vintage depuis quelques années, dont ce Heart... est un sommet. Canaille, portée par un groupe (les Flytones) au gros son saxo-trompettes comme le Mississippi en crue, construit sur des originaux et peu de reprises (un fabuleux Please don’t let me be misunder-stood, quand même), McKelle emporte l’affaire en mettant les curseurs dans le rouge: chaud devant.
Heart of Memphis, 1 CD Okeh/Sony.