Drame L’argument de départ rappelle celui de La vie est un long fleuve tranquille et du récent Le fils de l’autre. Deux familles, japonaises cette fois, apprennent que leur fils ne l’est pas, dans l’acceptation biologique du terme, qu’il a par erreur été échangé à la naissance contre un autre bébé. Que faire? Oublier cet enfant que l’on a élevé et aimé pour tenter de nouer des liens avec un inconnu, ou au contraire oublier les liens du sang? A partir de cette grande question morale, Hirokazu Kore-eda tisse un drame social et psychologique d’une grande intensité.
Comme à son habitude, le réalisateur des merveilles que sont Nobody Knows, Still Walking et I Wish bouleverse sans user d’artifices mélodramatiques. Mais derrière l’apparente simplicité de sa narration, son dépouillement dans le fond très japonais, se cache une très fine réflexion sur le rôle des parents dans une société sans pitié, prônant la rentabilité, la réussite, et de facto l’individualisme. Depuis Maborosi en 1995, Kore-eda n’a cessé d’interroger la place de l’homme dans le monde, de parler de vie et de mort (le très beau After Life). Voix essentielle du cinéma actuel, il est de ces cinéastes dont les récits hantent durablement.
De Hirokazu Kore-eda. Avec Masaharu Fukuyama et Machiko Ono. Japon, 2 h. Sortie le 25 décembre.