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Le retour des Mister Muscles

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Jeudi, 19 Décembre, 2013 - 05:57

Action!Hollywood produit de musculeux superhéros à la chaîne. Pas moins de deux «Hercule» sont attendus, et pléthore de gros bras.

L’homme en pleine mutation s’accroche encore, de temps en temps, aux mythes et aux vieilles badernes pour se rassurer sur sa virilité. En 2014, cela va castagner fort, et il n’y aura peut-être pas de place pour tous les bibendums de l’industrie hollywoodienne. Robocop revient en février, mois où Pompeii nous montrera de vrais mâles en jupe. Captain America suivra en mars, Hugh Jackman reprendra le rôle de Wolverine dans le prochain X-Men en mai, Vin Diesel sera dans Fast & Furious 7 en juillet. Cerise sur le gâteau: The Legend of Hercules sortira en août. Et aux Etats-Unis, il faudra même composer, à six mois d’intervalle, avec deux Hercule concurrents.

Pour ceux qui auraient encore de l’appétit, les Tortues Ninja et Popeye – ce dernier en film d’animation chez Disney – arriveront en octobre. La liste n’est pas exhaustive…

Cent ans de muscles au cinéma. Le motif du gros bras apparaît tôt dans le septième art. C’est d’abord le descendant du briseur de chaînes que l’on admirait dans les foires. Le personnage de colosse baptisé Maciste, apparu dans le film Cabiria, de Giovanni Pastrone, sorti il y a tout juste cent ans. Un monument fondateur du péplum.

Après toute une lignée de gladiateurs huilés, le profil du muscle explose avec Arnold Schwarzenegger. Une union très lucrative s’opère entre l’industrie du fitness et tous les produits qui vont avec, compléments protéiniques en tête, la presse spécialisée (le petit empire éditorial de Joe Weider) et le cinéma. Après avoir privilégié d’autres types de héros, plus «humains», le cinéma promeut de nouveau le modèle Schwarzie. Ce n’est pas un hasard si l’insubmersible Mister Univers de 1969, 66 ans au compteur, revient en force en 2014 dans The Expendables 3 puis en Terminator en 2015 et, dans la foulée, reprendra même le rôle de Conan le Barbare.

Pop-corns rassurants. Il est curieux de voir quel Mister Muscles notre époque s’est choisi. Le nouvel Hercule sera un demi-dieu imberbe au minois de Peter Pan. Il ressemble davantage à Antinoüs ou à Apollon qu’à l’Hercule antique (le jalon, dans ce domaine, c’est la statue de l’Hercule Farnèse, datant du IIIe siècle et conservée à Naples).

Héraclès était barbu. Barbe et virilité allaient de pair. L’acteur Kellan Lutz, qui l’incarnera l’an prochain, a l’air d’un jouvenceau. Il est presque «kawaï». La virilité de son enveloppe, caricaturale, presque hystérique, se télescope avec notre goût pour l’éternelle jeunesse. Ce n’est plus un robot rigide, comme Schwarzenegger ou Stallone. C’est un enfant doux qui se déguise en héros, sous un plastron de muscles. Cela mis à part, ne boudons pas notre plaisir (malgré notre jalousie crasse). Il est pas mal, cet Hercule-là. Rien de brutal, malgré l’épée ou la massue. Des muscles qui semblent tendres comme de petits pains au lait. Des pop-corns géants rassurants, dont le spectateur contemporain, régressif, peut se goinfrer pour faire taire la peur, le sentiment d’infériorité qui le taraudent. C’est toujours mieux que de sucer son pouce.

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