Dans la très longue liste des métiers d’art auxquels les horlogers font désormais appel, on a déjà évoqué ici la mosaïque, la granulation étrusque ou la marqueterie de bois, ainsi que leurs audaces en matière d’émail, de gravure ou dans le façonnage et la décoration de cadrans avec des matériaux rares et étonnants (plumes, pierres dures, cuir, fossiles, météorites, etc.). Cette année, chez Piaget et Chanel, montres féminines, joaillières, florales et soyeuses à la clé, il fut aussi question d’un métier d’art pourtant fort connu mais néanmoins peu usité en horlogerie. A savoir: la broderie.
Chacune l’a du reste abordée à sa manière. Au fil d’or pour Piaget avec son modèle Altiplano Rose. Utilisée en héraldique, dans l’art liturgique, pour les habits et costumes de toréros, de militaires ou d’académiciens, dans la haute couture et la décoration théâtrale ou d’intérieur, cette technique requiert que, sur une soie tendue, l’artisan esquisse d’abord son dessin à la craie avant d’en broder les contours grâce à un fil torsadé en or blanc nommé ici jaseron. Avec sa Mademoiselle Privé Camélia Brodé, Chanel a choisi, elle, de faire appel à son ancestral partenaire, la maison Lesage, afin, et selon la technique dite de la «peinture à l’aiguille», de faire broder sur une soie noire tendue un camélia en fils de soie colorés.