Sonita Alizadeh était récemment à Genève où, dans le cadre du FIFDH (Festival du film et forum international sur les droits humains), elle présentait un documentaire que lui a consacré la cinéaste iranienne Rokhsareh Ghaem Maghami. Sonita est Afghane, mais c’est en Iran qu’elle a grandi, avec l’une de ses sœurs et sa nièce.
Quand ses parents, retournés en Afghanistan après avoir fui un temps le régime taliban, ont soudain décrété qu’il était temps de lui trouver un mari, ils ont accepté, selon une tradition séculaire, de la vendre au plus offrant. Une fatalité contre laquelle la jeune femme de 18 ans a choisi de se battre.
Passionnée par la culture occidentale et le hip-hop en particulier, celle qui se rêve en fille de Michael Jackson et de Rihanna enregistre alors un titre rap dans lequel elle crache sa rage. Code-barre sur le front, œil au beurre noir, elle chante dans Dokhtar Foroshi, littéralement «mariées à vendre», le désespoir de toutes les jeunes filles qui, en Afghanistan comme ailleurs, sont mariées de force (voir le récent long métrage franco-turc «Mustang»).
Puissant, ce morceau lui vaut une notoriété instantanée sur les réseaux sociaux. Et donc aussi un documentaire. Celui-ci est aussi édifiant qu’émouvant. La force et la détermination de Sonita sont impressionnantes, son courage aussi car, rappelons-le, la musique occidentale, jugée décadente, est interdite en Iran. Et une femme n’a pas le droit de chanter.
Même si l’on peut regretter une volonté de surdramatiser l’histoire de la jeune Afghane, avec quelques effets de mise en scène un peu trop marqués, Sonita est un film étendard qui documente avec une louable empathie la naissance d’une musicienne devenue militante des droits de la femme.
«Sonita». De Rokhsareh Ghaem Maghami. Iran/Suisse/Allemagne, 1 h 31.
