En peinture, le repentir est un changement important amené en cours de réalisation. Maya Rochat, jeune artiste issue de l’ECAL, en a fait une méthode. Elle prend une photographie numérique banale puis la travaille jusqu’à ce que le contenu originel en devienne presque imperceptible. L’image se réinvente grâce à l’action de l’eau de Javel, du spray, du dessin, de la peinture, du déchirement ou de la superposition.
C’est une dissolution aussi bien qu’une recomposition menée avec violence, couleurs pop et coulées lysergiques, sur fond de musique metal. L’affirmation de la matière sur les pixels intangibles, du geste instinctif sur la ligne de code informatique. Et la suggestion que les images numériques sont elles-mêmes manipulables à l’infini. D’univoque, la photographie en devient équivoque, propice à toutes les projections mentales. Dans l’Espace Quai 1 de Vevey, les images de Maya Rochat coulent même sur le sol ou se font mouvantes, à l’occasion d’une vidéo qui reprend cette stratégie du repentir agressif, corrosif et chaotique. Mais rien à expier ici: juste une image qui chasse l’autre sans regrets ni remords.
Vevey, Espace Quai 1. Jusqu’au 23 avril.
