Dominée par la voix et la personnalité de Sebastian Catana, somptueux Nabucco, la nouvelle production d’Avenches suscite l’intime plutôt que le monumental.
LYRIQUE Est-ce les deux écrans géants qui, imposant leurs dimensions, confèrent à l’espace scénique, par contraste, une dimension intime? Ou la beauté des sonorités soignées de l’Orchestre de chambre fribourgeois? Ou la maîtrise de la plupart des solistes et choristes (mention spéciale à Maria Billeri, dans le rôle écrasant d’Abigaille, ainsi qu’aux femmes du Chœur de l’Opéra de Lausanne) qui, heureux paradoxe, misent sur la présence vocale sans chercher à forcer le volume? L’addition de tout cela, sans doute. L’atout de ce Nabucco réside dans le refus du spectaculaire obligatoire, que ce soit côté musical, grâce au chef Nir Kabaretti, ou côté mise en scène, signée Marco Carniti. Visuellement, tout est fluide, à l’image des déplacements d’un chœur imposant que la partition de Verdi sollicite sans relâche. Les personnages parviennent, par les positions de leur corps, à rendre perceptibles les relations complexes qu’ils tissent, alors même que tout se joue sur une scène immense où chaque mètre se multiplie par dix! Refus du spectaculaire, aussi, dans le choix esthétique des images projetées sur écran. Aucune image n’est redondante. Il y a, tour à tour, bougies, mains, masque, œil ou flammes, prétextes à couleurs, ou défilés de statues, énormes et pourtant friables dès que le vent les heurte – à l’image des peuples qui se défient, se font la guerre, se font la mort. Le Va pensiero mythique est chanté par un chœur couché qui, peu à peu, sort de sa soumission tandis que, sur l’écran, des êtres d’argile se diluent doucement. Un Nabucco des sables est à découvrir dans les arènes de pierre.
Avenches, amphithéâtre. Jusqu’au jeudi 18 juillet. 026 676 99 22 ou www.avenchesopera.ch
