Un documentaire sur les réfugiés, Meryl Streep et Spike Lee sur la diversité, un film de plus de huit heures et Gérard Depardieu "encombré par son corps" sont quelques moments choisis de la 66e Berlinale. L'Ours d'or sera remis samedi.
La crise des réfugiés aura été en filigrane durant toute la Berlinale. Moment fort, la projection d'un documentaire italien sur le drame des migrants à Lampedusa, "Fuocoammare" de Gianfranco Rosi. Très applaudi, il est donné favori pour l'Ours d'or par le classement de la revue spécialisée "Screen". "Je pense que nous sommes tous responsables de cette tragédie, peut-être la plus grande que nous ayons vue en Europe depuis l'Holocauste", a lancé le réalisateur.
Hors écran, l'acteur américain George Clooney, venu présenter le film des frères Coen "Ave, César !", a rencontré la chancelière Angela Merkel pour parler "du meilleur moyen d'aider" les réfugiés. La star a rendu hommage "à tous ces bénévoles" et "à tous ces Allemands" qui se mobilisent pour accueillir les migrants.
Le débat qui agite Hollywood sur le manque d'ouverture du cinéma aux femmes et aux minorités ethniques a rebondi à Berlin. L'actrice américaine Meryl Streep, présidente du jury, a estimé qu'il faudrait des cadres de l'industrie cinématographique un peu moins blancs et masculins pour ouvrir Hollywood à plus de diversité.
Le film allemand "24 Wochen" ("24 Semaines") d'Anne Zohra Berrached, sur un couple qui apprend que son enfant à naître sera handicapé et doit décider de pratiquer ou non une interruption de grossesse, a ému les festivaliers aux larmes.
Autre dilemme qui a touché Berlin, celui du héros de "Hédi" du Tunisien Mohamed Ben Attia, première production arabe en compétition à la Berlinale depuis 20 ans. Dans cette histoire d'amour et d'émancipation après la révolution de 2010-2011, Hédi est sur le point d'entrer dans un mariage arrangé quand il tombe amoureux d'une autre femme.
Les yeux fatigués mais enthousiastes, des centaines de cinéphiles ont assisté à plus de huit heures de séance pour le film le plus long jamais présenté à la Berlinale, "Hele Sa Hiwagang Hapis" (Une berceuse au mystère douloureux) du Philippin Lav Diaz, oeuvre en noir et blanc sur l'Histoire des Philippines à la fin du 19e siècle. Son réalisateur avait promis que la projection de son dernier opus constituerait une "lutte" pour le public. Le film a été accueilli par des bravos.
Les critiques ont salué la performance de l'actrice française Isabelle Huppert dans "L'Avenir" de Mia Hansen-Love, dans lequel elle interprète une prof de philo quittée par son mari, qui doit réinventer sa vie.
Venu présenter "The End" de Guillaume Nicloux, histoire d'un homme qui se perd dans la forêt, le monstre sacré du cinéma français Gérard Depardieu a lui confié être "encombré par son corps". Guillaume Nicloux "me faisait marcher beaucoup. C'est horrible de marcher quand on est gros, qu'on est fatigué. On va vers la mort, c'est un cauchemar", a-t-il confié.