Trois ans après l’incroyable résurrectionde «The Union», duo avec Leon Russell, Elton John persiste acoustique avec le bouleversant «The Diving Board».
POP Plus personne n’en a rien à cirer des disques d’Elton John. Il le sait, et l’homme aux 3000 concerts et 250 millions d’albums pourrait vivre au château, looké façon Massimo Gargia, écoutant les reprises de ses tubes et autres samples pompés par des rappeurs amerloques.
L’intéressant, avec papy Elton, 66 ans, c’est un léger agacement tout de même. Il arrive dans la vie d’artiste un moment où l’on veut peut-être se prouver vaguement quelque chose (genre je ne suis pas encore mort), revenir aux racines (le sidérant disque avec Russell), ou épater les petits jeunes.
Mélange des trois ou pas, The Diving Board est un album formidable. Elton John a repris très logiquement la recette miraculeuse de The Union il y a trois ans (l’inégalable T-Bone Burnett à la production, son parolier Bernie Taupin, Jay Bellerose à la batterie…) pour recréer un son chaud, boisé, une soul-pop imparable aux accents country légère.
On oublie trop qu’Elton est aussi un premier prix de piano. L’idée, en quinze titres (!), est ainsi de mettre l’instrument complètement en avant, comme jamais dans sa carrière (interludes rêveurs, ballades piano solo), pour une série de chansons hantées par la fin, l’hommage aux morts aimés (le père de Taupin, Oscar Wilde). Le bouleversant sens mélodique de sir Elton (The New Fever Waltz) fait le reste, arpèges qu’on mémorise d’un coup, épicés d’un phrasé qui retrouve le sarcastique et la force qui font le meilleur de l’Angliche. Ici un chœur Motown, là un fond de violoncelle. Toujours une émotion sobre, l’acoustique pure, l’impression qu’il chante à un mètre. The Diving Board est une merveille hors du temps.
«The Diving Board», Elton John, 1 CD, Universal.