Un an jour pour jour après les attaques contre Charlie Hebdo, la Maison du dessin de presse à Morges (VD) a verni jeudi une exposition rendant hommage au journal satirique français. Son histoire est retracée par le biais de onze illustrateurs emblématiques.
Une salle de rédaction au coeur de laquelle se tient une grande table blanche entourée de chaises. Des blocs-notes, des stylos, des gommes, un paquet de clopes et sur les murs une oeuvre de chacun de ces onze illustrateurs. Dès les premiers pas dans l'exposition "Relire Charlie Hebdo"à Morges, le visiteur est plongé dans l'univers des hommes et des femmes qui ont fait et font encore l'hebdomadaire satirique.
Sur les murs qui entourent la salle de rédaction, des espaces sont consacrés à Charb, Cabu, Luz, Willem, Wolinski, Riss, Catherine, Reiser, Gébé, Tignous et Honoré. Quatre à six oeuvres de chaque dessinateur sont affichées, accompagnées d'une fiche biographique.
"On ne peut pas résumer leur carrière à six dessins, mais on ne pouvait pas passer à côté de cette date", explique Pierre Friderici, président de l'association de la maison morgienne. L'institution a donc repris une exposition déjà présentée au Festival d'Angoulême et a développé la scénographie de la salle de rédaction.
"Nous voulions nous recentrer sur les dessinateurs", explique Charlotte Contesse, l'une des conservatrices de la maison du dessin de presse. "Retracer l'histoire du journal au travers de ces personnes, mais aussi faire redécouvrir leur travail". Car, selon elle, ils sont nombreux à connaître les noms de ces artistes mais pas leurs traits de crayon.
Membre de l'association et présent pour l'occasion, le dessinateur vaudois Raymond Burki ajoute: "Je suis vachement content qu'il y ait cette exposition. Ces illustrateurs, c'étaient des grands bonhommes, des maîtres. Leur rendre hommage, c'est la moindre des choses".
"Relire Charlie Hebdo", qui se tient jusqu'au 24 janvier, ne présente aucune image en lien avec le Prophète. "Ce n'est pas le but ici d'être polémiste", explique Pierre Friderici. "Mais cela ne veut pas dire qu'il n'y a pas d'images qui dérangent. Le dessin de presse, c'est du poil à gratter", ajoute-t-il en souriant.
Et Laurent Beauverd, autre membre de l'association, d'ajouter: "Les gens ne connaissent souvent que ces dessins polémistes, mais il y a tout un univers derrière que l'on voudrait aussi faire connaître".
Manifestement, depuis le drame de Charlie Hebdo, ils sont toujours plus nombreux à vouloir en savoir davantage sur cet univers. "Depuis un an, on enregistre une hausse de fréquentation d'environ 30%", conclut Charlotte Contesse.