S’il y a un bon gros romanà lire pendant les Fêtes, c’est celui-ci, signé de l’Américain Ted Thompson, dont c’est l’épatant premier roman. Soit un incipit irrésistible – «Un des grands avantages qu’avait trouvés Anders dans le divorce […], c’était de ne plus devoir assister à la réception que donnaient les Ashby pour marquer le début des fêtes de fin d’année» –, suivi de 300 pages du même acabit, ironiques, intelligentes, tragiques, drôles et cinglantes qui se terminent l’année d’après à la même réception, dans une scène d’apocalypse sociale et familiale. Entre-temps, nous aurons eu droit à toute l’histoire d’Anders et de Helene, de leur rencontre à l’université à leur divorce aussi tardif que houleux au moment où Anders, lassé d’une carrière dans l’immobilier, décide de prendre une retraite précoce, avant de le regretter illico.
Une étonnante retraite, inspiré par le chef-d’œuvre de Richard Yates Revolutionary Road, raconte ce qui arrive lorsqu’un individu prend la tangente en se permettant de dévier de la route que la société a prévue pour lui, se demande ce qui fait naître un couple, pour une nuit ou une vie, le tient ensemble, et puis se délite soudain. Emouvant lorsqu’il analyse les sentiments contradictoires d’un homme d’âge mûr, il devient carrément brillant quand il décortique la mécanique qui lie le couple au corps social large, amis, collègues et familles. Et ce qui arrive – de bon comme de désagréable – lorsque le couple explose.
«Une étonnante retraite». De Ted Thompson. Gallimard, 330 p.