Les rétrospectives d’artistes organisées à l’occasion d’une date anniversaire (ici les 100 ans de sa naissance) courent le risque de la surestimation d’une œuvre. C’est le cas avec la grande exposition (200 peintures et photos) consacrée à Ricco Wassmer au Musée des beaux-arts de Berne. Sa peinture onirique multiplie les emprunts appuyés aux grands courants de son temps, en particulier le surréalisme. Sa facture reste lisse et académique de ses débuts, dans les années 1930, jusqu’à la fin des années 1960, alors que cet artiste extravagant vivait au château de Ropraz, dans le Jorat. Et sa fascination pour les jeunes éphèbes fatigue à la longue. Mais Ricco Wassmer (1915-1972), c’est aussi la vie picaresque du rejeton, embarrassant, d’une riche famille bernoise et la nécessité absolue de créer pour dompter un tempérament mélancolique. Son œuvre a beau être sous influences multiples, elle est authentique, mortifère, inquiétante, réservant de belles surprises. Comme de superbes natures mortes aux oiseaux peintes dans les années 1940, une fascinante vue nocturne de Paris, d’énigmatiques allégories à plusieurs niveaux de lecture. La découverte de l’entier de son parcours artistique reste ainsi conseillée.
