«Le renard et la faucheuse», fable amère signée Eugène, narre un duel entre un goupil et une machine à tondre.
Chouette, des nouvelles d’Eugène. On l’avait laissé en 2011 avec un amusant et érudit mais vaguement frustrant Dans un livre, j’ai lu que…: une liste à la Prévert d’anecdotes glanées dans des lectures diverses. Le renard et la faucheuse, pour lequel il retrouve l’éditeur de ses débuts (L’Aire, où avaient paru notamment Quinze mètres de gloire ou Mon nom en 1995 et 1997), est dédié à Pierre-Alain Bertola, et cela change tout. Eugène avait rencontré le dessinateur et scénographe nyonnais, décédé subitement l’an dernier, lors de l’exposition La mort à vivre en 1999 au Musée d’ethnographie de Genève. Ils ne s’étaient plus quittés, travaillant ensemble à moult reprises. Du coup, Le renard et la faucheuse prend des tonalités aussi sensibles que La vallée de la jeunesse (La Joie de Lire), livre de souvenirs qui valut à Eugène le Prix des auditeurs de la RSR 2008.
Mais ici, changement de genre: Eugène investit la fable et la fait grinçante satire des mœurs humaines en matière d’entretien des pelouses. Un renard entreprenant se retrouve nez à nez avec une tondeuse automatique et, devant cet ennemi d’un genre nouveau, y perd sa queue touffue, son instinct de survie et plus encore. Racontée du point de vue d’une chouette hulotte plus sage que nature, cette réflexion mélancolique sur les rapports entre les humains et les animaux rêve d’une relation plus équilibrée entre les uns et les autres. La morale de cette histoire? Tremblez, bourgeois, le peuple des indignés se trouve aux portes de vos futaies et il a quatre pattes.
«Le renard et la faucheuse». D’Eugène. L’Aire, 118 p.
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