L’album s’intitule «Facing Canyons». Mais quels canyons Bastian Baker doit-il affronter? Si on versait dans la psychologie de comptoir, on pourrait dire qu’à l’heure de publier son troisième album, il est pris de vertige. Car il est temps pour lui, s’il veut s’imposer sur la durée et faire en sorte que sa carrière démarre réellement, de sérieusement occuper les territoires étrangers. Or ce n’est pas en partant en tournée jaune – parce que sponsorisée par La Poste – ou en s’affichant avec une casquette Swiss au côté de son nouveau pote Joël Dicker qu’il va y parvenir.
Omniprésent depuis ses débuts en 2011, le Lausannois publie donc son troisième disque. L’album de la maturité? Pas vraiment. Facing Canyons est tristement exsangue. Si celui qu’on a parfois comparé à Jack Johnson sait comment trousser des mélodies facilement entêtantes, il livre sur ce coup-là quelques ballades bien mièvres, à l’image de ce Planned It All au refrain horripilant. Il y a certes des comptines pop-folk pas indignes (Everything We Do, We Are the Ones) à même de convaincre ceux qui le suivent fidèlement, mais rien qui risque de lui attirer les faveurs d’un nouveau public. On a presque l’impression que l’ex-hockeyeur a aligné sur un album des morceaux non retenus pour ses deux premiers essais, et c’est une sensation frustrante.
«Facing Canyons». De Bastian Baker. Phonag Records.