Le romancier nous livre enfin le «bouquin sur Henri Queffélec» qui le démange depuis vingt ans. Le Finistérien de Paris, grand, blond, croyant et fou de mer, parlant latin et breton, qu’était son père méritait bien le livre d’un fils. L’homme de ma vie est un récit foutraque, échevelé, drôle, douloureux, burlesque, bouleversant, à vif et poétique dans lequel le Goncourt 1985 balance souvenirs d’enfance et de jeunesse avec une émotion jamais loin de la blessure non refermée. On y croise une tribu écrasée par la personnalité du père, son égotisme, sa culture, son ambition. Quand il part en tournée de conférences en Afrique noire, la maisonnée respire. Quand il revient, il emmène son fils présenter ses vœux de Nouvel An à Baudelaire au cimetière. On voit Yann marin, acteur, lui qui ne peut pas avouer qu’il se voit écrivain aussi. L’homme de ma vie est le livre d’un fils qui se débat avec la certitude que son père ne l’aime pas, mais que ce «papa» est l’homme de sa vie, quoi qu’il arrive.
«L’homme de ma vie». De Yann Queffélec.
Ed. Guérin, 288 p.