Le peintre Luc Andrié a invité une douzaine d’artistes à se joindre à lui dans une intrigante exposition collective à la Villa Bernasconi du Grand-Lancy.
Art contemporain. Le peintre Luc Andrié procède par couches successives, jusqu’à 150 parfois. Ses œuvres paraissent monochromes. A bien les regarder, des figures apparaissent, à moins qu’elles ne disparaissent dans la profondeur de la matière. Ces idées de strate et de présence vague sont au cœur de l’exposition Bruits de fond à la Villa Bernasconi. Luc Andrié a invité une douzaine d’artistes à se joindre à lui pour créer un parcours fait de couleurs, de formes et de thèmes qui se répondent les uns aux autres à voix basse, en même temps, provoquant effectivement un bruit de fond qui se met au diapason de l’artiste lui-même.
Le ton est donné dès l’entrée, grâce à une photographie de deux marginaux prise par l’artiste parisien Myr Muratet. L’un et l’autre se regardent, une rencontre qui symbolise toutes celles qui sont au cœur de l’exposition. On dirait Vladimir et Estragon, les deux clochards d’En attendant Godot. L’univers de Beckett se retrouve plus haut, dans une superbe gouache de Bram Van Velde, complice de l’écrivain irlandais dans la lutte contre le médium, qu’il s’agisse de mots ou de pigments.
Cette bataille féconde est aussi celle de jeunes peintres comme Jessica Russ, encore étudiante à l’Ecal, où enseigne Luc Andrié. Le thème de la guerre – qui hante Andrié – instille aussi dans l’exposition, par le chrysanthème-champignon atomique d’Alain Huck ou les modèles réduits de l’historien Nicolas Bloudanis. Des vidéos (Giulia Essyad, Tina Schwitzgebel, Juliana Stadelmann) ou installations (Sandrine Pelletier, Nicolas Muller) se mettent en phase avec cette onde longue, à peine audible, qui se déplace d’un bout à l’autre de la Villa Bernasconi.
«Bruits de fond», Villa Bernasconi, Grand-Lancy, jusqu’au 13 octobre. www.villabernasconi.ch