Insolite. Le chanteur du groupe Franz Ferdinand publie en français un livre gastronomique atypique. A travers ses récits culinaires, il dévoile l’envers du décor des tournées musicales.
Alexandre Babin
«Mon ami me dit que, sur une échelle de célébrités allant de 1 à 10, ce lundi soir est un 2, étant donné qu’il n’y a ni Clooney, ni Cruise, ni Spielberg», écrit Alex Kapranos dans Franz Ferdinand, la tournée des grands-ducs, un livre récemment traduit en français. Avant de confier, à propos de ce dîner dans un bar huppé de Beverly Hills: «C’est la première fois que je goûte des cuisses de grenouilles. J’aime tout essayer.»
Le chanteur et guitariste du groupe de rock écossais Franz Ferdinand retranscrit sa tournée mondiale de 2005 sous un angle original: la gastronomie. Les 51 courts récits culinaires emmènent les lecteurs de Rio à Glasgow, en passant par Toronto ou encore Tokyo. Au menu: des boîtes de bento dans un train lancé à 320 km/h au Japon, de «délicieux raviolis faits maison, à la farine de pavot et fourrés à la betterave» à Zagreb ou encore un sandwich de côte de porc dégusté à Munich le jour de Noël. L’artiste agrémente ses anecdotes de considérations sur sa vie de musicien ou encore sur certaines bizarreries culturelles. «Tout le monde fume. Entre les plats. Pendant les plats», s’étonne-t-il, par exemple, à Paris.
L’amour de la grande cuisine
Avant de connaître une renommée planétaire avec son groupe, qui a été propulsé sur le devant de la scène en 2004 par le single Take Me Out, Alex Kapranos a exercé les métiers de cuisinier, barman, serveur ou encore livreur: «Alex est un amoureux de la grande cuisine, mais aussi quelqu’un qui a une expérience professionnelle du milieu de la restauration, explique l’éditrice du livre, Nathalie Démoulin. Qu’un chanteur de rock écrive sur ce qu’il mange à travers le monde, ce n’est pas commun. Et qu’il ait travaillé comme commis de cuisine l’est encore moins.»
De fait, l’éditrice explique que «ce livre atypique repose entièrement sur la singularité de son auteur». Lorsqu’il n’est pas occupé à enregistrer des chansons ou à faire danser des milliers de personnes, Alex Kapranos se consacre d’ailleurs à l’une de ses autres passions: le travail du bois.
Bien que la gastronomie ait envahi les rayons des libraires ces quinze dernières années, l’ouvrage du chanteur de Franz Ferdinand reste un ovni. En effet, selon le critique gastronomique et journaliste à la Tribune de Genève Jérôme Estèbe, «certaines stars du show-business, à l’image de l’actrice Gwyneth Paltrow, se mettent à l’écriture culinaire, mais leur approche est davantage centrée sur la diététique».
Le récit de voyage gourmand semble pour sa part ne pas avoir bénéficié du même engouement que le reste du genre. «Il a connu son heure de gloire au XIXe siècle, lorsque des érudits parcouraient le monde et détaillaient leurs repas, rappelle Jérôme Estèbe. Alexandre Dumas est le précurseur avec son Grand dictionnaire de cuisine, paru à titre posthume.»
Contrairement à l’illustre romancier français, qui a consacré sa vie à l’écriture, Alex Kapranos touche quant à lui à tout: cuisine, écriture, bois et musique bien sûr. Son dernier album, une collaboration avec le mythique groupe Sparks, est d’ailleurs sorti début juin.
«Franz Ferdinand, la tournée des grands-ducs». D’Alex Kapranos. Editions du Rouergue, 142 p. FFS (Franz Ferdinand & Sparks).
En concert le 20 août au Pully For Noise Festival. www.fornoise.ch