L’opéra de Rossini est un tissu de dentelles mélodiques jubilatoires, émouvantes, truculentes, populaires dans le sens le plus sacré du terme, vibrantes d’amour et de vocalité. Amour du pouvoir et de l’argent, bien sûr, mais amour amoureux, aussi. L’ouvrage est ainsi: il dit la victoire des sentiments sur l’intérêt – mais pas les conventions. Si la production d’Avenches rend effectivement compte des dentelles fines, elle leur superpose, pour habiter la scène immense, une dimension visuelle appuyée et narquoise. Ne soyons pas dupes: les personnages vivent, aiment, chantent? Normal. Ils ont préalablement bien étudié rôles et partitions. Mais avant tout ils combinent, tous plus capricieux et roublards les uns que les autres, experts en manipulation et, par bonheur, en beau chant.
Dans des décors habiles et élégants, des costumes efficaces, des éclairages magnifiques, les péripéties se suivent, se regardent et s’écoutent avec bonheur, sans qu’on y croie. Pas grave. On assiste à un jeu de rôle dont on se sent agréablement complice. Alors que la musique enchante, sous la direction précise de Nir Kabaretti, le metteur en scène Marco Carniti orchestre les caprices. Abracadabra. Pas une once d’amour dans les personnages de ce Barbier. Mais du plaisir. Les sentiments ? La musique s’en charge. Pour de vrai, pour de faux.
Avenches. Arènes ou, par temps incertain, grand manège de l’IENA. Je 9, sa 11, ma 14, ve 17, 21 h 30. Info et réservations au www.avenchesopera.ch