Initiative. Parce que l’avis de nos lecteurs compte, «L’Hebdo» lance, en partenariat avec Payot Libraire, un prix des lecteurs destiné à récompenser un roman et un essai remarquables de l’année écoulée. En présidents de jurys, le comédien Jean-Luc Bideau et le recteur de l’Université de Lausanne, Dominique Arlettaz.
Quelle plus belle manière d’intensifier le lien entre un magazine et ses lecteurs que la création d’un prix littéraire faisant de ces lecteurs de véritables prescripteurs en matière de culture et d’idées? C’est l’initiative que prend L’Hebdo en lançant un prix des lecteurs destiné à récompenser un roman ainsi qu’un essai parus en français durant l’année écoulée.
Plusieurs dizaines de lecteurs et lectrices, enseignants, étudiants, retraités, pasteurs, docteurs, passionnés de lecture en tout genre, ont répondu favorablement à l’appel aux jurés que nous avons lancé fin avril.
Et nos deux jurys, fort de dix membres chacun, sont désormais constitués (lire l’encadré ci-dessous). Sollicités respectivement pour leur amour de la langue française, de la narration, du verbe et de la transmission des idées, le comédien Jean-Luc Bideau et le recteur de l’Université de Lausanne Dominique Arlettaz ont accepté de prendre la présidence de ces deux jurys.
Jurys qui se réuniront durant l’été puis l’automne afin d’échanger et de délibérer autour des sélections de livres qui leur sont proposées par la rédaction de L’Hebdo et les libraires Payot (voir les sélections ci-dessous; une seconde sélection de romans sera faite fin juillet, incluant les sorties de la rentrée littéraire), et de déterminer un lauréat qui sera récompensé lors d’une soirée le 28 octobre.
Seront choisis l’auteur d’un roman ayant su allier le fond et la forme pour raconter une histoire concernante et convaincante, et l’auteur d’un essai proposant l’évocation réussie, pédagogique et engagée, d’une thématique actuelle, qu’elle soit sociale, scientifique, économique ou spirituelle.
Démocratie
Ce prix s’intègre dans la volonté née de l’envie démocratique et populaire récente de renverser la logique qui a longtemps vu exclusivement des professionnels du monde littéraire couronner d’autres professionnels lors de prix littéraires prestigieux laissant le grand public à l’écart.
Le Grand Prix des lectrices de Elle a montré l’exemple en 1970, suivi du prix du Livre Inter et du Grand Prix RTL en 1975. En Suisse, le Prix des auditeurs de la RSR, créé en 1987, devenu Grand Prix du public de la RTS dès 2011, a tracé la voie d’une valorisation par les médias de leur lectorat et de leurs auditeurs.
L’éditeur Ringier a, en 2006, via le Prix des lectrices Edelweiss, accompagné cette tendance de fond.
Des prix attribués par un jury populaire qui se révèlent étonnamment prescripteurs: une étude GfK montrait que, dans les dix prix ayant eu le plus d’impact sur les ventes de 2005 à 2009 en France, figuraient, derrière les Goncourt, Renaudot et Femina, cinq prix de lecteurs, dont le Grand Prix des lectrices de Elle et le prix du Livre Inter.
C’est que, pour les lecteurs, l’avis d’un pair, soit d’un autre lecteur, compte plus que tout. «Les prix décernés par les lecteurs sont importants, car ils ne sont sujets à aucune pression, ni clan, ni réseaux, et donnent une vision de qui nous lit, confirme Christian Bourgois, éditeur de Laura Kasischke, lauréate du Grand Prix des lectrices de Elle pour Esprit d’hiver. Ces prix sont potentiellement très prescripteurs pour les mêmes raisons de confiance et, oui, les ventes sont visibles après les annonces.»
Emotion
Alice Zeniter, lauréate du Livre Inter 2013 pour Sombre dimanche (Ed. Albin Michel), trouve tout autant de qualités aux prix de lecteurs. «Pour moi, les prix de lecteurs que j’ai reçus ont une saveur particulière, parce qu’il ne s’agit pas d’une simple couronne qui serait posée sur un livre: il y a derrière la décision, le vote final, la rencontre entre des inconnus que rien ne lie sinon leur amour de la lecture.
Et je trouve merveilleux de penser que mon livre a été pendant quelques jours, aux côtés des autres ouvrages sélectionnés, le ciment qui réunit ces inconnus, qui les transforme en une famille de lecteurs, qui les lance dans de grands débats. Plusieurs personnes m’ont dit ensuite faire davantage confiance à ces prix qu’à ceux décernés par les professionnels du monde littéraire.»
Même retour de la part de François-Henri Désérable, lauréat du Prix des lecteurs de L’Express pour Evariste (Ed. Gallimard). «Recevoir un prix décerné par des lecteurs a une saveur particulière: aucune considération n’entre en jeu, si ce n’est le plaisir qu’ils ont ressenti à la lecture du livre.
Dans la mesure où ils ne sont pas rattachés à telle ou telle maison d’édition, seul ce plaisir les guide dans leur choix.» Marie Perny, lauréate du Prix du public de la RTS 2015 pour Les radieux, avoue: «Un prix des lecteurs, c’est la confirmation que quelqu’un a trouvé la bouteille mais, en plus, voilà qu’il envoie un message en retour. C’est une émotion forte, d’autant qu’au moment de la remise du prix, les membres du jury d’auditeurs-lecteurs étaient là!»
L’Hebdo est heureux de contribuer à ce partage de compétences et de déléguer, une fois n’est pas coutume, la prescription littéraire à ses propres lecteurs. La discussion est ouverte, les ouvrages sélectionnés sont à découvrir absolument.
Les jurés du Prix des lecteurs de l’Hebdo
Les jurés du Prix du roman sont: Alberto Tonacini, sophrologue, Broc. Aline Lasserre, pasteure, Prilly. Caroline Tendon, enseignante, Nyon. Coralie Héritier, «executive assistant» Fédération internationale de l’automobile, Genève. Dominique Christol, administrateur d’hôpital, Cheyres. Isabelle Joye Boivin, enseignante spécialisée, Fribourg.
Lise-Hélène Hippenmeyer, psychologue-psychothérapeute, Goumoëns-la-Ville. Maïlys Perrenoud, étudiante, Neuchâtel. Raphaël Chatelet, architecte, La Neuveville. Ulla Lundquist, traductrice, Saint-Légier.
Les jurés du Prix de l’essai sont: Arnaud Levasseur, psychomotricien, Lausanne. Arnaud Wydler, étudiant, Granges. Charlotte Hebeisen, sous-assistante au département de philosophie de l’UNIL, Fribourg. Christian Payot, enseignant, Genève. Geneviève Perrin, enseignante, Mies.
Jean-Bernard Racine, professeur retraité, Lausanne. Jérémy Bouvier, consultant affaires publiques, Carouge. Laurence Burri, secrétaire (infirmière de formation), Le Mont-sur-Lausanne. Marielle Vachey, enseignante, Horgen. Yacine Bouchouchi, étudiant, Lausanne.
