Sous les étoiles, heureux seulement dans la nature, écrivains jusqu’au fond des os parce qu’«écrire, aimer, c’est pareil», Corinna Bille et Maurice Chappaz soudain surgissent devant nous. Elle en jupe et foulard, lui en gilet et chapeau.
Ils se regardent avec passion, et souci. De leur bouche coulent leurs mots, rien que leurs mots, ceux qui disent l’amour de la terre, Dieu, le Rhône, Finges, le vin, la mort, ceux qui racontent l’époque difficile pour deux écrivains «en étrange pays dans leur pays lui-même», conteurs qui inventent des histoires baroques et cruelles ou partent au loin vagabonder.
Pour sa quatrième saison, après Roud, Cendrars et Chessex, le théâtre itinérant Transvaldésia, imaginé par François Landolt pour donner aux jeunes acteurs diplômés de l’école de théâtre Les Teintureries à Lausanne l’occasion d’une expérience professionnelle inédite et produit par la Fondation l’Estrée à Ropraz, a choisi de mettre en scène des textes des écrivains valaisans Corinna Bille et Maurice Chappaz.
Mis en scène par une Isabelle Vallon inspirée, Quentin Leutenegger est un Chappaz vif, terrien et téméraire, Coline Fassbind une Corinna fantasque, altière et inquiète. Giliane Besençon est l’Autre, tantôt admirative, tantôt venimeuse.
Livrés sans commentaire, les extraits de textes (Théoda, Cent petites histoires cruelles ou L’étrangère pour elle, Le Valais au gosier de grive, Le livre de C ou Tendres campagnes pour lui) nous plongent dans la houle de leur histoire d’amour, «nécessité mutuelle absolue», et crée un va-et-vient puissant entre fiction et réalité.
Ils font halte cette semaine à Veyras, place de l’Eglise, à deux pas de là où ils vécurent durant vingt ans et où Corinna Bille dort sous la terre depuis 1979.
