Un roman policier qui se passe à Sofia, c’est plutôt rare. Et quand il est écrit par une Bulgare, l’hésitation n’est plus possible. Il faut s’y plonger sans délai. Un effort – l’ouvrage pèse quelque 400 pages – largement récompensé. Récit en demi-teintes, Le Prix Nobel, d’Elena Alexieva, révèle un monde encore très différent du nôtre. Une société où le système continue à broyer ceux qu’il emploie, où la hiérarchie reste toute-puissante et capricieuse, où la vérité se révèle parfois moins importante que le souci de sauvegarder les apparences.
L’intrigue? Elle est assez simple. Eduardo Ghertelsman est un écrivain d’origine chilienne, un Prix Nobel de littérature installé en Grande-Bretagne. En pleine crise existentielle, il disparaît brusquement à Sofia où il est venu donner une conférence. On parle d’enlèvement, de rançon. Peu après, un autre auteur, bulgare et nettement moins connu, est retrouvé mort. Y a-t-il un lien entre les deux affaires? L’inspecteur Vanda Belovska le pense, mais arrivera-t-elle à le prouver?
Le lecteur va partager le quotidien et les doutes de cette jeune femme un peu déprimée qui vit seule dans son petit appartement avec un iguane. Elle vient de reprendre son travail après avoir été mise quelque temps sur la touche. Elle se bat pour retrouver ses marques, entretient des rapports terriblement conflictuels avec sa mère et écrit des poèmes sur son téléphone portable. En sa compagnie, on va faire la connaissance d’une belle veuve plutôt louche, visiter un village abandonné investi par les Tziganes, passer des nuits blanches à tenter de lire l’un ou l’autre livre du fameux Prix Nobel. L’auteur offre même à son héroïne un petit voyage à Zurich. La clé de l’énigme se trouverait-elle en Suisse?
«Le Prix Nobel». D’Elena Alexieva. Ed. Actes Sud, 414 p.