On dit que la musique adoucit les mœurs. C’est vrai, mais pas seulement. La musique peut aussi parfois se faire thérapie, et tant mieux. Car sans cela, on aurait pu ne jamais être bercé par la douce voix de Melody Gardot, chanteuse jazz dont les mélodies font du bien à l’âme.
L’histoire est connue, mais on ne peut s’empêcher de la raconter une fois de plus, à l’heure où l’Américaine publie son quatrième album. Elle a 19 ans lorsqu’un de ces 4x4 qui hantent les rues ne tient pas compte d’un feu rouge et la percute.
Elle roulait à bicyclette… Coma, long séjour hospitalier, perte partielle de sa mobilité et diminution de la plupart de ses sens. Elle touche le fond lorsqu’on lui propose de suivre une thérapie musicale. Et là, miracle, elle renaît littéralement et se met à composer ses propres chansons.
Musicienne dès l’âge de 9 ans, il lui était arrivé de se produire dans des bars, mais elle n’avait jamais imaginé faire carrière.
Il y a dans la voix de Melody Gardot de la chaleur et de l’émotion, mais aussi un grain plus trouble, une rugosité, parfois, qui apporte une belle profondeur à sa musique. Tout au long des quinze titres que compte Currency of Man, son nouvel album, la chanteuse explore des territoires plus contrastés, délaisse quelque peu le jazz de salon qui en avait fait une Diana Krall de plus.
On la connaissait «crooneuse», on la découvre avec plus de groove, aux commandes de chansons plus rythmées, presque dansantes par moments. Il y a d’abord ces cuivres, qui apportent une touche funky-soul à quelques titres, comme ce Same to You qui pourrait figurer au catalogue du label Stax.
Sur Preacherman, c’est la moiteur du blues qu’évoque la trentenaire, qui nous revient en brune alors qu’on la connaissait blonde, et c’est un signe.
Renouveler son répertoire lui était salutaire afin de ne pas devenir prisonnière des compilations de musique d’ascenseur. Virage réussi, mais reste à savoir comment Melody Gardot défendra ce convaincant Currency of Man à la scène… Réponse en juillet à Montreux.