L’école n’ouvre pas l’esprit des enfants, elle le formate. Voilà ce que postule Erwin Wagenhofer dans Alphabet. L’école impose des schémas préétablis, elle empêche les élèves de penser par eux-mêmes. Pour tous le même moule, vive la pensée unique.
Si le monde va mal, si le capitalisme triomphe, c’est à cause de ce bourrage de crâne à grande échelle. Forcément, Alphabet force le trait. Wagenhofer, qui clôt ici une trilogie amorcée avec We Feed the World et Let’s Make Money sur l’agriculture mondialisée et les flux financiers, est coutumier du fait. Mais heureusement, on reste néanmoins assez loin de la démagogie facile à la Michael Moore.
Le cinéaste autrichien explique dans ses notes d’intention que, à travers son film, il essaie de répondre à de nombreuses questions, liées notamment aux crises que traversent des sociétés qui se pensent hautement évoluées, mais qui ne sont que centrées sur l’argent, ce qui crée de grands déséquilibres de par le monde, et beaucoup d’angoisse chez l’homme.
Vouloir répondre à ces questions, plus que simplement les mettre en exergue, est un exercice un peu vain. Pour y parvenir, Wagenhofer convoque moult experts, pédagogues, statisticiens, économistes et simples quidams. Sir Ken Robinson introduit le film. Pour lui, un enfant est comme un cerf-volant: alors qu’on devrait le laisser voler à sa guise, on tente de le diriger à l’aide d’une corde.
Dans notre perpétuelle course à la réussite, on priverait donc nos enfants de leur liberté. Le constat que pose Alphabet est implacable. Un enfant qui n’irait pas à l’école a les mêmes chances qu’un autre de réussir, dit en substance le film.
A défaut d’être totalement convaincant, celui-ci propose des pistes pour l’enseignement de demain, et c’est là une grande vertu. Les questions que se pose Wagenhofer devraient être au cœur des débats. Les penseurs de demain jouent encore dans les bacs à sable, ne l’oublions pas.