La tension est montée d'un cran mardi à Cannes avec le thriller "Sicario" du Canadien Denis Villeneuve avec Benicio del Toro. La guerre contre les cartels de la drogue à la frontière américano-mexicaine figure au coeur du long métrage.
Dans ce film efficace en course pour la Palme d'Or du festival, Emily Blunt ("Le Diable s'habille en Prada") campe Kate, jeune recrue du FBI. Elle est désignée pour aider un groupe d'intervention contre le trafic de drogue, dirigé par un agent interprété par Josh Brolin ("No Country for Old men" des frères Coen).
L'équipe est guidée par un mystérieux consultant colombien (Benicio Del Toro). Kate, pleine d'idéaux et éprise de justice, se retrouve alors plongée dans une situation chaotique où les services secrets s'affranchissent des lois.
"Le film pose des questions. Je ne pense pas qu'il apporte des réponses" pour empêcher l'expansion constante du trafic de drogue, a souligné le réalisateur au cours d'une conférence de presse. "J'ai toujours considéré le monde comme une vaste palette de gris. Rien n'est tout blanc ni tout noir. La notion du bien et du mal est influencée et orientée par la culture et le profil géopolitique de chacun", dit-il.
Le réalisateur québecois a expliqué s'intéresser "depuis plusieurs années à cet endroit spécifique du continent américain, la frontière entre Etats-Unis et Mexique", zone de tous les dangers sous la coupe des cartels et de leur violence extrême.
"En tant que Nord-Américain, j'ai une responsabilité dans cette situation à la frontière mexico-américaine", a-t-il dit. Avec ce film d'action noir, Denis Villeneuve a voulu aussi porter un regard sur l'Amérique et ses idéaux, confrontés à la réalité.
"Ce n'est pas un film qui traite du Mexique mais des Etats-Unis. J'ai voulu montrer cette réalité du point de vue américain", a dit le cinéaste, en compétition officielle pour la première fois à Cannes.
Pour lui, "Sicario" est un film "sur la manière dont l'idéalisme (américain) se heurte au réalisme quand il s'agit d'affronter les problèmes d'autres pays". "'Sicario' parle d'un vieux fantasme, cette idée que l'Amérique du Nord sera toujours capable de résoudre les plus violents problèmes du monde d'une manière efficace et invisible", explique-t-il.
"C'était certes une idée réconfortante, mais le monde n'a cessé de se compliquer", ajoute le cinéaste, qui avait concouru pour l'Oscar du meilleur film étranger en 2011 avec "Incendies" avant de réaliser deux thrillers en anglais "Prisoners" et "Enemy".