Le jury est prêt avec les frères Coen en présidents farfelus, le tapis rouge sur le point d'être déroulé et la Croisette en effervescence. Le 68e Festival de Cannes s'ouvre mercredi avec l'icône du cinéma français Catherine Deneuve dans un film grave, "La tête haute".
Sur une affiche monumentale, le visage rayonnant d'Ingrid Bergman, autre actrice mythique, qui aurait eu cent ans cette année, accueille les festivaliers avant l'arrivée du jury. Ses neuf membres s'exprimeront en début d'après-midi lors d'une conférence de presse.
"Nous adorons Cannes et le festival. Nous y sommes venus si souvent. Ce festival a tant fait pour nous", a déclaré au "Figaro" Ethan Coen, réalisateur souvent récompensé à Cannes avec son frère Joel.
Le jury devra départager les 19 films en course pour la Palme d'or, décernée le 24 mai. "Nous avons bien l'intention de donner des ordres contradictoires. Puis d'observer là où cela nous mènera. C'est notre méthode", a encore plaisanté Ethan Coen.
Le coup d'envoi du prestigieux festival sera donné à 19h00. C'est l'acteur Lambert Wilson, maître de cérémonie déjà l'an dernier, qui reprendra l'habit cannois. Mais, loin du glamour et "horrifié", dit-il, par les exactions en Irak et en Syrie, il veut profiter de cette tribune pour opposer les femmes libres magnifiées par le cinéma aux femmes violentées dans certains pays.
Grave aussi, le film d'ouverture est une oeuvre âpre de la réalisatrice française Emmanuelle Bercot sur un thème social: la délinquance et la justice des mineurs. Catherine Deneuve y joue une juge pour enfants. Oeuvre coup de poing, "La tête haute" sort mercredi dans les cinémas français.
Dans une sélection très européenne - avec aussi des films grec, hongrois et norvégien - trois films asiatiques et deux films américains seront aussi sur les rangs, dont Gus Van Sant, déjà récompensé lui aussi d'une Palme d'or en 2003 pour "Elephant".