Malgré les scandales et les retards,le site d’Expo 2015 est (presque) prêt à accueillir les 24 millions de visiteurs attendus. Le pavillon suisse est le troisième par son importance.
L’Expo 2015 de Milan sur le thème de l’alimentation? Ah! ah! C’est «la grande bouffe» pour politiciens corrompus et entrepreneurs mafieux. Il y a un an, au plus fort de la tempête de scandales qui s’est abattue sur le chantier de l’Exposition universelle, beaucoup ont prédit un désastre total. Les travaux ont pris du retard et, au niveau des infrastructures surtout, bien des promesses ne seront pas tenues. La nouvelle ligne de métro qui aurait dû relier l’Expo à l’aéroport de Linate, notamment, n’en est qu’à ses balbutiements.
Mais, depuis l’an dernier, il y a eu aussi l’intervention de Raffaele Cantone, le Monsieur Propre nommé par le premier ministre, Matteo Renzi, pour assainir le projet: les jugements sur son efficacité sont largement positifs. Et sur le site, le rythme du chantier est passé à la vitesse supérieure. Au ciel de l’Expo, l’optimisme est de nouveau de mise. «Le dernier clou sera planté à la dernière minute, mais, vous verrez, ce sera prêt à temps», parie Andrea Arcidiacono, responsable du pavillon helvétique. «Tout ce que le public pourra voir sera terminé», tempèrent les maîtres du site...
La première impression qu’on a en foulant l’allée centrale est rassurante: celle d’un espace à taille humaine, agréable à parcourir et où on ne peut pas se perdre. Il y a là, pourtant, un nombre record de pays exposants (145), mais sur un minimum de surface, ce qui évite d’arpenter, des heures durant, des espaces aussi interminables que majestueux. Sur la tête des visiteurs le long des deux axes croisés, une toiture protectrice, comme taillée dans des voiles géantes, qui promet une température inférieure de cinq degrés à celle enregistrée à l’ombre ambiante. Détails certes triviaux mais bienvenus, quand on sait que la visite d’une grande expo vire facilement à l’épreuve physique.
En tant que directeur de Présence Suisse, Nicolas Bideau en a vu quelques autres: «Shanghai, c’était une énorme machine! Trop grand; le visiteur se perdait trop souvent. L’une des forces de celle-ci, c’est d’être ramassée. L’autre, c’est le thème, bien sûr.»
«Nourrir la planète» résonne avec les préoccupations du moment. Le souci, voire l’obsession du manger sain, le triomphe de la gastronomie et de ses stars, mais aussi le pari du développement durable et de la malnutrition qui continue de toucher 850 millions de terriens. «Prenez le sel: chez nous, nous devons faire attention à ne pas en manger trop; ailleurs, il fait encore l’objet de carences alimentaires. C’est pour cela qu’une expo universelle qui matérialise, sur le thème de l’alimentation, la rencontre des uns et des autres dans le même espace est hautement pertinente, plaide Nicolas Bideau. Ajoutez à ça que l’Italie n’est pas seulement un lieu où l’on mange bien, mais aussi où l’on pense bien la nourriture.» Le directeur de Présence Suisse n’a pas de doute: «C’est le bon moment et le bon endroit pour une telle expo. Ça va marcher!»
Une des originalités de sa conception réside précisément dans le regard transversal sur un même thème – le riz, le café, les fruits et légumes, etc. – proposé dans les neuf «clusters» auxquels différents pays sont appelés à contribuer.
Le paysage des pavillons serrés les uns contre les autres oscille entre le baroque-contemporain et le rigolobiscornu, avec le bois comme matière dominante. L’imposant pavillon suisse – troisième par sa taille après ceux de l’Italie et de l’Allemagne – se distingue par sa rigueur et la pureté de ses lignes. On aime ou pas, certains le trouveront froid. C’est en tout cas un hommage réussi à la tradition de la modernité architecturale suisse.
Ses atouts: un jardin où se reposer à l’ombre des arbres, un atelier chocolat testé avec succès au Salon du goût. Son handicap: sa proposition principale – une invitation à la réflexion sur la disponibilité des denrées alimentaires – est purement conceptuelle. Les quatre tours de verre du bâtiment principal sont remplies une fois pour toutes de pommes, de sel, d’eau et de café, mis en libre-service jusqu’à épuisement. Message: servez-vous, mais sachez que si vous prenez trop, il n’y en aura plus pour les suivants. Le pari est de le faire passer aux visiteurs. Tout comme d’en gérer le flux pour la montée en ascenseur dans les tours (il faudra réserver sa place à l’entrée du pavillon).
Pour l’aspirant visiteur de l’Expo, le plus gros souci prévisible sera celui de l’hébergement. La capacité hôtelière de Milan n’est pas immense. Et si les restaurateurs italiens résistent en général, avec un héroïsme et un amour du travail soigné qui leur font honneur, à la tentation de plumer le touriste, les hôteliers, eux, ont bien des progrès à faire. A Milan, ils ont la désagréable habitude de doubler, tripler, voire quadrupler leurs prix aux moments chauds comme celui du Salon du meuble. L’Expo ne fera pas exception. Près de la gare, nous avons même trouvé un hôtel où la chambre passera de 40 à… 400 euros dès le mois de mai.
La bonne nouvelle: des centaines de Milanais ont vu venir l’occasion et décidé de se mettre au vert durant l’expo pour louer leur appartement, notamment via Airbnb.
Pratique
Quand?
Du 1er mai au 31 octobre 2015.
Où?
Rho, localité au nord-ouest de Milan. Joignable en métro depuis Milan ou en train, directement depuis la Suisse, sans changement. Arrêt: Rho Fiera (depuis l’arrêt, une passerelle mène, à pied, à l’entrée principale.) En taxi: de 30 à 40 euros depuis la gare de Milan.
Combien?
Achetée avant le 30 avril (moins 20%), l’entrée pour un jour et pour un adulte coûte 27 euros. Réductions pour: les billets achetés à date flexible, les familles, les séniors, les écoles, les soirées et les forfaits de plusieurs jours. Achat sur www.expo2015.org ou aux guichets CFF.
Comment?
Le train s’impose. Les CFF ont prévu quatre trains spéciaux quotidiens à partir du 1er mai, puis cinq à partir du mois d’août. La ligne directe jusqu’à Rho Fiera permet de faire l’aller-retour dans la journée.
Dormir
Le point sensible: le prix des chambres à Milan va flamber, c’est prévu, et la capacité d’accueil de la ville est limitée. Bien des visiteurs seront donc tentés d’éviter la ville. Suisse Tourisme saisit même l’occasion pour inciter les touristes italiens à dormir au Tessin: http://expo.svizzera.it/dormi-in-ticino. Solutions: passer par un voyagiste et profiter d’un forfait avec hôtel, par exemple chez Railtour, www.railtour.ch; chercher plutôt du côté des bed and breakfast, www.bbitalia.it; ou explorer le marché alternatif: boom des offres sur www.airbnb.it.
Renseignements
A Milan: à l’Expo Gate, devant le Castello Sforzesco.
Sur la Toile: www.expo2015.org.
Pour une visite virtuelle: http://virtual.expo2015.org.
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