Film Disney faisant d’une saga sportive un conte de fées moderne, sur fond de patriotisme et de guerre froide, Miracle, réalisé il y a dix ans par Gavin O’Connor, racontait comment l’équipe nationale américaine de hockey sur glace est parvenue, lors des Jeux olympiques de 1980 à Lake Placid, à vaincre la puissante URSS composée de joueurs parmi les plus redoutables de tous les temps.
Red Army, un documentaire qui sort discrètement cette semaine après avoir eu les honneurs d’une projection cannoise en mai dernier, raconte du point de vue soviétique l’histoire de ces joueurs d’exception avec, comme personnage central, le défenseur Slava Fetisov, surveillés de près par le KGB. Extrêmement bien construit, ce film réalisé par un ancien hockeyeur montre notamment comment c’est en s’inspirant des danseurs du Théâtre Bolchoï, et en misant tout sur la puissance du collectif plutôt que sur des individualités, que les Soviétiques sont devenus, plus que d’appliqués sportifs, de virevoltants artistes.
On découvre également dans ce Red Army, dont le titre évoque le CSKA Moscou, ce club longtemps aux mains de l’armée rouge, comment, à la suite de la perestroïka, les joueurs russes purent enfin quitter leur pays pour aller jouer dans la prestigieuse NHL, la ligue professionnelle nord-américaine, où ils ne furent pas, dans un premier temps, accueillis en héros.
Jusqu’à ce que Fetisov et quatre de ses camarades permettent aux Detroit Red Wings de remporter la convoitée Coupe Stanley.
«Red Army». De Gabe Polsky. Etats-Unis/Russie, 1h25.