Exposition. Il s’agit d’abord d’un hommage à l’art japonais, à son audace comme à son raffinement. Quand, au XIXe siècle l’archipel, s’est enfin ouvert au monde extérieur, les artistes occidentaux, en particulier français, ont eu accès à un nouveau vocabulaire formel, chromatique et thématique. Portés par la vague du japonisme entre 1860 et 1910, ils en ont tiré parti pour renouveler leur pratique. Quel tribut les maîtres des XIXe et XXe siècles doivent aux estampes et aux objets traditionnels de ce lointain Orient…
C’est à cette fertilisation d’un art par un autre que nous convie le Kunsthaus de Zurich. Pour être didactique, l’exposition est splendide. Elle avance des pions magistraux avec une impressionnante série de Nymphéas de Monet, des Van Gogh et des Courbet, des Cézanne et des Degas, des Denis et des Vallotton, ainsi qu’une demi-douzaine de Gauguin qui ne cèdent rien, en qualité, aux chefs-d’œuvre présentés par la Fondation Beyeler, à 80 km de là.
Les gravures polychromes de Hiroshige ou Hokusai, les masques et textiles, les céramiques et autres exemples de l’artisanat du Soleil levant sont placés en regard des œuvres occidentales, suggérant que l’inspiration est aussi une affaire de souffle invisible qui circule entre les œuvres. Manque juste ce qui ne peut plus être restitué: le choc visuel de cet art lorsqu’il a été découvert pour la première fois, surgi d’un empire inconnu.
La démonstration est limpide. Soudain, les artistes de France et d’ailleurs ont pu réfléchir en termes d’aplats vivement colorés et aux contours appuyés, de points de vue en plongée ou contre-plongée, de diagonales et d’asymétries, de motifs principaux coupés par le bord de l’image, de formats très verticaux ou très horizontaux.
Les motifs de la vague, de la toilette, de la branche et de la fleur délicate se sont imposés comme des évidences. Comme le principe de la série sur un même thème, les variations sur le mont Fuji, les ponts et les cascades donnant quelque idée à Cézanne, Monet et Courbet.
«Monet, Gauguin, Van Gogh… Inspiration japonaise». Zurich, Kunsthaus. Jusqu’au 10 mai. www.kunsthaus.ch