L'écrivain zurichois Adolf Muschg a remporté le Grand Prix suisse de littérature 2015 pour son humanisme et son engagement. Remise à la Bibliothèque nationale par le ministre de la culture Alain Berset, cette distinction dotée de 40'000 francs est la plus prestigieuse de Suisse.
Adolf Muschg, "l'écrivain à l'esprit critique infatigable, peut se targuer d'être l'auteur d'une oeuvre variée, qui se compose autant de romans que d'essais sur la littérature, l'Europe, le Japon, Gottfried Keller ou Goethe", salue le jury.
L'homme de lettres alémanique a toujours cultivé une attitude critique envers sa patrie. Et pourtant, la Suisse a toujours beaucoup compté pour lui, a complété, dans son discours prononcé à Berne, le conseiller fédéral Alain Berset.
"Lorsque ses livres ne traitent pas de la Suisse, celle-ci guigne entre les lignes, même dans les histoires qui se jouent en Extrême-Orient."
Le ministre de la culture s'est dit impressionné par la faculté d'Adolf Muschg de se pencher sur des thèmes politiques. Non pas comme politicien justement, mais en s'inspirant de "l'esprit de la littérature". "Peu lui importe de triompher de son contradicteur. Non, ce qu'il recherche, c'est juste signaler que, peut-être, tout pourrait, ou devrait, se passer autrement."
Né en 1934 à Zollikon (ZH), Adolf Muschg est le fils d'un maître d'école primaire, un piétiste, et d'une infirmière dépressive. Coincé dans l'étau familial, il s'est accroché à la littérature comme à une bouée de sauvetage, avance son biographe Manfred Dierks. Il a publié une cinquantaine d'œuvres de fiction et d'essais, traduites en 18 langues.
L'écrivain a également préfacé le mythique roman de Fritz Zorn, "Mars". En Suisse romande, Adolf Muschg n'est pas très connu et a été relativement peu traduit. Deux livres ont été publiés dans les années 1990 chez Zoé: "Cinq discours d'un Suisse à une nation qui n'en est pas une" et "Le temps est à l'orage".
Outre ce prix principal, sept Prix suisses de littérature, dotés chacun de 25'000 francs, ont été remis pour des oeuvres particulières. La Valaisanne Noëlle Revaz fait partie des lauréats, tout comme le franco-suisse Frédéric Pajak.