Une (presque) génération les sépare mais leurs trajectoires ont de profondes similitudes. Beau, indéniablement frondeur, original et doué, le pianiste croate Ivo Pogorelic commença sa carrière de manière fulgurante, dans les années 80, avant de vivre un deuil artistique et personnel qui l’isola du monde.
Le Genevois Michel Tabachnik, lui, commença sa carrière porté par des personnalités comme Markevitch, Boulez, Karajan, Iannis Xenakis, entre autres noms devenus atemporels. Son implication involontaire dans les tragédies de l’Ordre du Temple solaire l’a également écarté de la place qui lui revenait – non de droit mais de talent.
Vingt ans ont passé depuis ces chocs respectifs. Les deux hommes ont, chacun à sa manière, gagné la bataille, accrochés à leur farouche quête de sens et de perfection, pour ne pas dire de révélation musicale.
Pogorelic le tempétueux, Tabachnik le possédé des sons; ils transmettent leur conviction et, pour ce qui est du chef, le goût de l’excellence. Au chapitre de ses succès récents, à la tête du Philharmonique de Bruxelles, on peut citer les enregistrements du Sacre de Stravinski et de La mer de Debussy qui ont créé l’événement.
Très impliqué dans la diffusion de la musique d’aujourd’hui, Tabachnik créait en octobre dernier son Livre de Job, poème choral et symphonique, référence à la manière de traverser l’épreuve.
Au programme du concert de Gstaad, il dirige Epitaffio d’Ivan Fedele, compositeur en résidence, le Concerto pour piano No 2 de Chopin, interprété par Pogorelic, et la 40e de Mozart qu’il fera sonner sans nul doute comme neuve.
Saanen, église. Ve 6, 19 h 30.
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