Saviez-vous que seuls deux artistes suisses ont rempli le Hallenstadion zurichois? Et que l’un d’entre eux est DJ BoBo? Oui, vous avez bien lu. L’Argovien René Baumann, qui aujourd’hui se produit dans des parcs d’attractions, a balancé son eurodance formatée devant quelque 13 000 personnes. Afin de chauffer la salle, il avait invité un boys band américain: *NSYNC, avec un petit gars nommé Justin Timberlake. C’était en 1996. Cette anecdote – une parmi beaucoup d’autres – qui, près de vingt ans plus tard, semble ahurissante, on l’apprend en visitant Oh Yeah!, l’excellente expo que consacre le Musée de la communication, à Berne, à l’histoire suisse de la musique pop.
Tout commence par une salle aux murs tapissés d’écrans. On y découvre des clips et des interviews d’artistes. Le visiteur, casque sur les oreilles, peut se connecter à des bornes – à l’ancienne, sans Bluetooth mais à l’aide d’un jack – et écouter ce qu’il souhaite. Il n’est pas obligé de se taper du DJ BoBo, donc. La visite peut être subjective, et c’est une bonne chose.
Après la salle aux écrans, place à un long couloir que l’on arpente, d’une vitrine à l’autre, entre images, sons et objets, en remontant le temps, des années 90, triomphe du rock bernois et émergence du rap, aux années 50, où tout a commencé par un déhanchement. C’est une histoire des musiques actuelles en Suisse que l’on parcourt, toujours mises en contexte avec ce qui se passe ailleurs, mais une histoire sociétale, aussi. La culture pop a souvent été synonyme de liberté et de refus du conformisme. Elle influence la société, à moins que ce ne soit l’inverse. La musique adoucit les mœurs, certes, mais elle est également, souvent, un symbole de la contre-culture.
Musée de la communication, Berne. Jusqu’au 19 juillet. www.mfk.ch