C’est une exposition rêche, qui ne se donne pas facilement. Amateurs de dessins séducteurs à la signification transparente, passez votre chemin! Le trait de Hayan Kam Nakache s’engendre lui-même, de proche en proche, partant à l’aventure d’une forme non préconçue, couvrant l’ensemble de la surface disponible sur le papier. Ce qui pourrait être une bonne définition du dessin médiumnique, ou d’art brut, s’il ne venait d’un jeune artiste diplômé de la HEAD, déjà exposé au Centre d’art contemporain de Genève ou au Manoir de Martigny, au bénéfice de plusieurs résidences, dont l’atelier de la Confédération au Caire.
Originaire de Damas, Hayan Kam Nakache intègre la calligraphie arabe dans ses folles excursions graphiques, une influence parmi une myriade d’autres plus ou moins reconnaissables. Dont le tag, le graffiti et le gribouillis, le dessin d’enfant, la BD, le manga, le dessin de presse de Saul Steinberg, le surréalisme, le cubisme, le dessin mescalinien d’Henri Michaux, que sais-je encore. HKN fait feu de tout bois, à commencer par le fil de ses pensées vagues, qui se déroulent avec l’élan d’un derviche tourneur sous hypnose. Cette gestuelle sous haute tension s’accommode le plus souvent du noir, mais aussi de couleurs un peu malades, comme dans le bien nommé Vomito.
Pour encadrer cette fureur expressive, Fri Art a disposé les dizaines de dessins de l’artiste avec la plus grande rigueur, selon une ligne horizontale qui court sur les cimaises du centre d’art contemporain.Troublant.
Fri Art, Fribourg. Jusqu’au 8 février. www.fri-art.ch
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