Les Brenets. Deux grottes qui vous permettront de (re)découvrir le rôle clé de l’arc jurassien dans le faux-monnayage au XVIIIe siècle.
Partir sur les traces des faux-monnayeurs d’antan, voilà un programme des plus excitants. Direction Les Brenets, où se trouvent deux grottes peu connues du grand public, mais faciles d’accès. A Vauladray, on emprunte le sentier menant aux Roches de Moron. Après dix minutes de marche, 50 mètres avant de passer sous une importante ligne électrique, on descend un petit sentier escarpé, sur la gauche. Classique: les brigands avaient l’habitude de détrousser les gens sur des passages fréquentés et de planquer leur butin dans une cavité située tout près. En face des escaliers permettant de franchir une paroi rocheuse, voilà la grotte numéro 1, accessible par plusieurs orifices ménagés entre de gros blocs. Il vaut mieux être souple. Et avoir une lampe de poche.
Vue de l’intérieur, la grotte des faux-monnayeurs ressemble plutôt à un abri sous roche. «Cet endroit est petit et mal calfeutré, on entend tout depuis l’extérieur. C’est peu probable que des faux-monnayeurs y aient séjourné», assure Arnault Malard, spéléologue à l’Institut suisse de spéléologie et de karstologie venu nous accompagner. Une pancarte indique seulement que, vers 1950, un promeneur épuisé est venu mourir ici.
La grotte numéro 2 ne nous apprend rien d’autre. «Le nom de faux-monnayeurs est ici usurpé», ajoute le spéléologue. On ne se décourage pas. Nous nous trouvons bien sur un lieu d’intrigue: entre 1704 et 1720, l’arc jurassien est devenu un véritable repère de faux-monnayeurs, qui tentaient de riposter contre la décision de Louis XIV de dévaluer ses louis d’or pour financer la guerre de la Succession d’Espagne.
«L’exercice du faux-monnayage s’appuie sur les mêmes techniques que l’horlogerie. Dans l’arc jurassien, ces deux industries apparurent en même temps, au début du XVIIIe siècle, et s’épaulèrent mutuellement, explique Charles Froidevaux, docteur en sciences économiques et numismate. Cela dit, les faussaires professionnels travaillaient dans de grands ateliers similaires à ceux des horlogers. Les grottes étaient utilisées par des faussaires amateurs, qui faisaient principalement du moulage. Ils rêvaient de richesse, mais échappaient rarement à la justice.» Vous voyez: une simple grotte révèle parfois un lourd passé.
Pour obtenir des informations relatives aux grottes de l’arc jurassien: www.isska.ch