Lu n’a pas revu son épouse, Feng, depuis quasi une éternité. Sa fille ne se souvient d’ailleurs plus de lui. Mais voici que Lu, enfin, est de retour. S’il a été si longtemps absent, c’est parce qu’il fait partie de ces prisonniers politiques arbitrairement emprisonnés, parce que qualifiés d’ennemis du parti et donc du peuple durant la Révolution culturelle.
Lu est de retour, mais Feng ne le reconnaît pas. Elle souffre d’une forme d’amnésie qui la pousse à l’attendre, le cinquième jour de chaque mois, devant la gare. Adaptant un roman d’un Chinois vivant aux Etats-Unis, Zhang Yimou signe un drame classique, à l’académisme handicapant. Mais heureusement, après une première partie passablement laborieuse, la figure tragique de Feng lui permet de tendre vers le mélodrame et de faire de la perpétuelle attente à la gare un intéressant motif tant narratif qu’esthétique. Surtout, on ne peut s’empêcher de penser que l’amnésie de son héroïne est celle de cette Chine peu encline à admettre ses erreurs passées, cette Chine qui ne veut pas reconnaître certains droits élémentaires.
«Coming Home». De Zhang Yimou. Avec Gong Li, Daoming Chen et Zhang Huiwen. Chine, 1 h 44.
