Le Musée d’ethnographie de Neuchâtel vient de renouveler, pour cause de fragilité à la lumière, les estampes de sa passionnante exposition Imagine Japan. Tirant parti des 150 ans de la signature du premier Traité d’amitié et de commerce entre le Japon et la Suisse, le musée puise dans ses fonds pour détailler l’initiative du politicien neuchâtelois Aimé Humbert (1819-1900).
Ancien conseiller d’Etat, protestant, radical et franc-maçon, Humbert est nommé en 1862 ministre plénipotentiaire au Japon. Grâce à son habileté diplomatico-commerciale, surtout à sa curiosité sincère pour la société nippone, le Neuchâtelois est à l’origine de ce premier traité. Au cours de l’année qu’il passe sur place, il récolte une somme considérable d’informations et d’images sur le Japon de la fin de l’ère Edo. Il s’agit d’un matériel iconographique disparate, qui va des feuilles de Hiroshige et de Hokusai à des dessins d’auteurs inconnus qui décrivent la vie quotidienne à l’époque. Humbert tire également parti de photographies, en particulier celles de Felice Beato. Ce corpus remarquable d’images nourrira les graveurs parisiens qui collaboreront au grand ouvrage de Humbert, Le Japon illustré, paru en deux volumes chez Hachette en 1870. Le livre marquera l’histoire des représentations de l’archipel en Europe, peu avant l’émergence du japonisme sur le Vieux Continent.
Mise en scène avec soin, n’évitant pas le côté moralisateur de Humbert (qui ne s’est pas intéressé aux estampes érotiques, dommage), l’exposition se termine par une section contemporaine. Laquelle se penche sur l’actuelle forte présence de l’imaginaire japonais en Suisse, dans l’art du tatouage aussi bien que dans la présence d’un temple bouddhiste dans les Montagnes neuchâteloises.
«Imagine Japan». MEN. Jusqu’au 19 avril 2015. www.men.ch