Qu’est-ce qu’un fac-similé, ou reproduction à l’identique d’un ouvrage? Tout tient dans ce mot, «identique», et la marge de liberté qu’un éditeur veut bien lui donner. A cet égard, Charlie Chaplin, l’album Keystone, publié par Xavier Barral, s’éloigne du document original. Celui-ci groupe 794 photogrammes (photos tirées des bobines) de 29 des 36 premiers films de Chaplin, tournés il y a un siècle, en 1914. Le livre de l’éditeur français est un peu plus petit, ses pages sont couvertes d’une double couche de vernis, les doubles feuilles et la couverture sont reliées à la manière d’un album de photos. Des textes (de Sam Stourdzé et Carole Sandrin) accompagnent cette espèce de story-board des premiers courts métrages de Chaplin, où apparaît vite le personnage du vagabond Charlot.
Il s’agit ainsi d’un beau livre qui interprète avec efficacité un album réalisé à l’époque de la Seconde Guerre mondiale, près de trente ans après les tournages. C’est précisément pour lutter contre le temps qui éparpillait les pellicules de 1914 qu’un directeur technique du British Film Institute a tiré des photogrammes de Making a living, le premier film de Chaplin, ou de son deuxième, Kid Auto Races at Venice, où surgit Charlot. Le directeur a réuni les images dans un album baptisé Keystone, du nom du studio de l’acteur-réalisateur à l’époque. Il a ensuite donné l’ouvrage au principal intéressé, lequel s’en est servi bien plus tard dans une biographie.
Accompagnant l’actuelle exposition Chaplin au Musée de l’Elysée de Lausanne, Charlie Chaplin, l’album Keystone est semblable à une BD qui raconterait l’émergence d’un génie du mouvement, de l’humour et de l’émotion. Un livre numérique, enrichi d’extraits de films, accompagne cette luxueuse réinterprétation d’un document fondateur.
«Charlie Chaplin, l’album Keystone». Ed. Xavier Barral, 112 pages.